Le vrai OSS117, pas ce bouffon initié par Dujardin

Avec un titre pareil, je vais sans doute me faire des ennemis, mais qu'importe, j'ai envie de réhabiliter ce héros de la littérature populaire et du ciné populaire des années 60 qui a été "abîmé" volontairement par les films avec Dujardin.
Déjà porté à l'écran dans les années 50 sans être mémorable, cette fois, la production est un peu plus ambitieuse, c'est le premier de cette série de films réalisés par André Hunebelle, le réalisateur des films de cape et d'épée de Jean Marais, notamment les superbes le Bossu et le Capitan, ainsi que de la série des Fantomas avec Marais et De Funès. C'est déjà un gage de qualité dans ce cinéma français populaire qui ne se prend pas encore au sérieux en se regardant le nombril (aidé dans la prod par les studios Cinecitta).
Il s'agit de profiter du succès du premier James Bond (Dr No sorti quelques mois auparavant), mais un petit inconvénient se pose : la comparaison semble inévitable, c'est quasiment une copie car on y retrouve beaucoup d'éléments communs (Hubert Bonisseur de La Bath est un macho, tombe toutes les femmes qui passent à sa portée, flanque des roustes à des types patibulaires, et se révèle aussi intrépide que son modèle). Souvenons-nous aussi que Dr No n'était pas entièrement parfait (voir ma critique) et souffrait d'être le premier de la franchise ; la série des OSS117 comptera moins de films mais récoltera un beau succès dès ce premier film pour que ça incite les producteurs à tourner des suites qui emploieront 3 autres acteurs. Surtout, à la base, il y a de bons romans écrits par Jean Bruce (continués après sa mort par son épouse Josette Bruce), dans le même ton insouciant que ceux de Fleming, ce qui en fait un véritable James Bond français (qui en fait est un agent américain d'origine française).
Ce qui est visible par rapport à Bond, c'est le manque évident de moyens, notamment dans la photo en noir & blanc, atténuant l'exotisme qui est ici compensé par la Corse, notamment la photogénique Bonifacio, ce qui permet quelques scènes sous-marines pas si mal, et qu'on retrouvera dans un Bond (Opération Tonnerre). Toutefois, le savoir-faire français s'accommode d'un film de détente agréable et sympathique, mêlant charme, entrain et humour, avec un ton insouciant (comme chez Bond) mais sérieux, et non en ridiculisant ce séduisant personnage comme ça a été fait dans les films avec Dujardin. On y voit aussi pour la première fois du karaté bien avant Bruce Lee.
Les acteurs se défendent bien, l'Américain Kerwin Matthews (qui rempilera en 1964 dans Banco à Bangkok pour OSS117) n'a certes pas le même cynisme et le même charisme que Sean Connery, mais il tire assez bien son épingle du jeu, il est sarcastique, charmeur, balance des bourre-pifs avec classe et fait le job en étant plus convaincant que l'Australien Frederick Stafford qui reprend le rôle dans Furia à Bahia pour OSS117 en 1965 et Atout coeur à Tokyo pour OSS117. En 1968, c'est John Gavin qui reprendra le rôle dans Pas de roses pour OSS117. Seuls les méchants ont peu de prestance, même si ici, Daniel Emilfork avec son physique étrange est suffisamment inquiétant. Quant aux femmes, elles ont à peu près les mêmes caractéristiques que celles des Bond : soumises et peu farouches, mais belles.
Voici donc un petit film sympa et qui ne paie pas de mine en dépit de défauts (une musique yé-yé d'époque mais malvenue ici), mais qui a diverti mes jeunes années, tout en étant conscient que ça peut paraitre ringard aujourd'hui, mais je crois qu'il y a pire, car le kitsch est à la mode.

Ugly
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le 1 juil. 2017

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Ugly

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