Ben non, pas de personnage touché par la radioactivité dans ce film. À la place, Nolan a préféré parlé de la relation que Oppenheimer a eu avec sa maîtresse, avec beaucoup de gêne. Mais bon, Nolan c'est un roi de la zapette, alors parler du nucléaire, de la bombe, de l'adultère ou de la radioactivité, tout ça c'est pareil, en mode épileptique on passe de l'un à l'autre.


Et c'est donc ça le deuxième film à sauver le cinéma. C'est un film pour lobotomisés. Barbie ne présentait pas grand chose en terme de message, c'était bien timide, c'est un peu moins le cas ici, mais ça reste quand même un peu superficiel, évident et surtout, Nolan fait tout pour garder le spectateur éveillé : ça parle depuis 2 minutes? hop, on vous flanque des images illustratives, jolies c'est vrai, mais franchement pas utiles et parfois carrément ridicules tant ça illustre trop littéralement le propos, et puis si ce n'est pas une image balancée ainsi, c'est un surdécoupage inutile, une saute dans le temps, une musique de plus en plus forte (ou coupée, ce qui fonctionne bien étant donné qu'il y a de la musique sur 87,4% du film), c'est impossible de décrocher de ce film, tout est fait pour attirer notre attention... je sais qu'on vit une époque avec des teubés incapables de faire 10 km en voiture sans checker leur téléphone au risque de provoquer un accident, mais faut-il vraiment faire du cinéma pour ce genre de mou du cerveau ? Nolan n'a-t-il pas envie de prendre son temps pour raconter une scène, poser sa caméra, proposer un découpage malin qui appuie la narration, pas juste des effets.


Oh, on peut féliciter les auteurs d'avoir réussi à vulgariser le propos, on ne se sent jamais largué. Mais c'est aussi un leurre. Avons-nous vraiment compris quelque chose au film, aux discussions ? Juste des mots forts qui reviennent de temps à autres pour nous faire croire qu'on a compris, mais qui a vraiment compris de quoi il s'agissait dans les néophytes ? Le coup du bocal, c'est sympa mais en fait on retient juste le bocal pas sa signification.


En même temps comment comprendre correctement avec une telle narration ?? Ce serait bien que Nolan arrête de se branler sur la ligne temporelle, qu'il fasse un film pop corn de science fiction sur le voyage dans le temps et on en parle plus. Parce que revenir sans arrêt en arrière ou en avant, c'est pénible et ça n'apporte rien de plus au récit ; au mieux, ça permet de le dynamiser (ou dynamiter) parce qu'en soi son film serait chiant si on regardait tout dans l'ordre. Non pas que le sujet est chiant, pas du tout, la preuve, j'ai bien aimé "Fat Man and Little Boy". Mais la différence entre les deux projets, c'est qu'ici, les personnages sont plus mince qu'une feuille de PQ simple couche. Y a pas beaucoup de développement, pas beaucoup de mise en situation et donc pas beaucoup d'exploitation, juste des personnages qui parlent, le plus souvent ils sont interchangeables.


La question au centre du film est intéressante : peut-on créer une arme si puissante même si c'est pour son pays ? Mais on reste plus dans les effets qu'une vraie réponse. C'est un peu comme si un type se mettait à crier, chanter et danser en répondant plutôt que d'aligner de vrais arguments.


En fait, Nolan c'est un peu un Bay qui ne s'assume pas. Les deux adorent les trucs OUF, les explosions, les soldats, les flingues. Juste que Bay est un vrai gamin qui partage qui s'amuse et qui veut amuser. Nolan, c'est le petit bourge hautain coincé du cul qui ne partage pas ses jouets et qui considère qui va garder ses playmobiles dans des emballages collector qu'il montrera de loin à ses amis. Bay veut terni son spectateur éveillé, mais il propose quelque chose, il joue avec son médium, il secoue son spectateur. Nolan, il se contente de tout monter n'importe comment, au point de remettre deux fois la même scène sans que cela n'apporte vraiment quelque chose en plus (en même temps ses scènes font 10 -40 secondes, alors ça gêne pas trop j'imagine), il filme de façon assez morne, il propose quelques belles idées visuelles, son équipe d'effets spéciaux s'est bien démenée pour ramener ces superbes images qui ne sont pas des CGI. Mais c'est naze. Il ne se passe rien.


Il convoque plein de stars dans des petits rôles ; c'est amusant dans une comédie de la frat pack, ça devient lourd chez Anderson que j'aime beaucoup mais qui devrait mettre moins de personnages dans ses films, mais là ici, c'est carrément pénible. On en oublie les figures, les personnages. Déjà que certains dialogues sont risibles surtout de par la façon dont il les filme (tout ce qui a trait à la relation adultère notamment, a-t-on vraiment besoin d 'une telle intensité pour ces scènes) si en plus ce sont des stars (pas les plus importantes c'est vrai mais quand même trop de vedettes) qui doivent les dire, on ne s'en sort plus.


Quant à la musique, il y a de quoi saturer, un tel excès, c'est permanent, et la seule pause c'est pour avoir un effet, donc ce n'est pas tellement une pause. J'ai lu que c'était un film d'horreur, c'est idiot de dire ça, dans ce cas tous les films traitant de près ou de loin de l'Holocauste sont des films d'horreur... L'horreur, c'est de devoir supporter un tel film quand on aime le cinéma.


Bref, c'est une belle merde que Nolan nous a fait là, et il en est très fier.


PS : j'espère ne jamais être le père d'une fille car si elle devient une bombe je ne sais pas si je vais réagir normalement ou si je vais la matter.

Fatpooper
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le 17 avr. 2024

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