Chiche

Stanley, un ancien hacker de génie qui n’a plus le droit de toucher un ordinateur ni de voir sa fille est embauché par le mystérieux Gabriel. Contre un programme, il lui promet de lui donner les moyens de retrouve son enfant. Mais Gabriel est un dangereux criminel poursuivi par le FBI.

Scénarisé et réalisé par des professionnels des films d’action, Swordfish est une œuvre efficace. Espionnage, grand banditisme et fusillades, il s’agit du menu complet. La réalisation est dynamique, l’intrigue intéressante et le casting somptueux. En effet, outre le grand John Travolta, décidément bon acteur, Hugh Jackman et Halle Berry jouent ensembles avant de remettre ça dans X-men quelques années plus tard. On trouve également Don Cheadle et Zach Grenier, deux brillants vétérans du cinéma.

Les scènes d’actions sont nombreuses et plutôt sympas malgré les inévitables saccades de caméra pour faire réaliste (alors que ça nuit juste à la compréhension). Les interactions entre les personnages sont bien faites, même si Hugh Jackman a du mal à entrer dans son personnage de geek.

L’histoire, sans être original, est prenante mais surtout sulfureuse. Le principe du film, utilisé chez certains pays du moyen-orient, consiste à effectuer des vengeances bien plus terribles que les agressions subies afin de dissuader les belligérants privés, notamment les terroristes, de toute attaque. Malheureusement, le réalisateur ne pousse pas le bouchon assez loin. En effet, la redoutable détermination de Gabriel qui lui permet d’obtenir ce qu’il veut n’est possible que chez un psychopathe. C’est d’ailleurs démontré au travers de la discussion entre Stanley et Gabriel au sujet des sacrifices consentis pour obtenir la paix. Un être moral, c’est-à-dire avec des structures mentales saines lui interdisant de massacrer des innocents, ne pourra effectuer la loi du Talion à l’échelle que préconise Gabriel. Et c’est là que Dominic Cena aurait pu aller plus loin. Pour se défendre efficacement contre les monstres, il faut devenir soi-même un monstre. Il aurait été passionnant de voir la descente consciente de l’agent Gabriel dans la folie meurtrière pour le bien suprême. Et enfin, de mettre en miroir cette détermination avec celle de leurs adversaires, persuadé d’œuvrer également pour le Bien en massacrant des infidèles. Enfin, renvoyer dos à dos ces bouchers aurait permis de résoudre la question.

Par ailleurs, il est remarquable de constater que ce film est sorti en juin 2001 aux USA, soit 3 mois avant le 11 septembre. Étrange coïncidence qu’une œuvre prônant l’utilisation de l’horreur comme arme de dissuasion sorte juste avant des attentats qui auront pour conséquence la destruction de deux pays. Comme quoi, le hasard est plein d’humour noir.