11 : 14 sent immédiatement l’exercice de style à en juger par sa structure un poil prétentieuse (pardon, je voulais dire Tarantinienne) qui utilise essentiellement le flash-back pour nous conter plusieurs histoires qui possèdent des points communs. Enfin, ça a l’air virtuose comme ça, mais une fois le film terminé, c’est limpide, sans ambigüité ni complication (c’est en gros une structure à 3 gros éléments, avec la blondasse et sa famille, le vanne des jeunes bourrés et l’inconnu de l’introduction). Au niveau de la virtuosité en question, c’est assez sommaire, le film nécessitant une certaine attention et consistant essentiellement dans sa simple forme physique : un découpage sensé nous apporter des éléments se recoupant et formant au final un tout cohérent. Sauf qu’il faudrait un peu qu’on s’intéresse aux personnages. Or ce n’est absolument pas le cas. On s’ennuie même devant les pitreries de certains, comme dans l’introduction où un type fout un cadavre dans son coffre en tapant dessus pour le faire rentrer. Certes, on voit que c’est de l’humour noir, je veux bien croire que l’heure tardive du visionnage ait quelque peu altérer mes capacités humoristiques, mais franchement, niveau humour noir, c’est de la petite bière. Du réchauffé pour amateurs. Et c’est constamment ce genre de petit humour, poli et peu incisif, qui est sensé provoquer l’adhésion du spectateur. Sauf que ça ne fonctionne pas, c’est trop artificiel, trop pensé pour être marrant pour qu’on veuille se prêter au jeu des acteurs. C’est un film de petit malin et ça se sent tout de suite, sauf qu’on se fout du résultat. Sincèrement, le film n’avance à rien. Il veut nous façonner des personnages, mais il ne prend même pas la peine de conclure sur leur destinée (les deux braqueurs du casino se tirent dans le flou d’un plan, et nous n’entendrons plus jamais parler d’eux, les ados se tirent dans leur van et rideau… Merde, vous êtes sérieux ?). Il se focalise sur des faits dont on se fout, dont on ne rit pas (mention spéciale à Patrick Swayze et à son chien, dont on ne comprend absolument pas les motivations sur le moment (il fout le cadavre dans sa voiture on ne sait pas pourquoi, ce n’est que bien plus tard qu’on comprendra), et qui n’est pas drôle une seule fois avec son chien), et qui ne mènent à rien. Le coup des adolescents et de la bite coupée, c’est une tentative de faire de l’humour « profond », sur un sujet drôle mais dramatique (une castration accidentelle), et ça ne sert qu’à rajouter 15 minutes de film. C’est tout. Mais si encore, le film était un mécanisme bien huilé et sans autre ligne directrice que les accidents. Mais non, il faut que la morale arrive aussi là dedans. Tous les personnages impliqués ont ainsi des tares morales évidentes. La blonde qui se fait écraser comme une merde est en fait une salope qui fait raquer ses ex pour son avortement, les jeunes sont des imbibés irresponsables (sauf le beau du groupe qui en plus a des couilles et de l’intelligence, mais que fait-il avec ces saoulards ?), Swayze est surprotecteur, les braqueurs sont des braqueurs… Merde, c’est le Dieu de la Justice qui organise ces accidents ou quoi ? Bref, l’intérêt de visionner 11 : 14 se réduit au fur et à mesure que le film avance tant on tend à se rendre compte que son potentiel tourne à vide, que l’engrenage promis brasse de l’air, que rien ne va tôt ou tard justifier le prix d’achat du dvd… Aucune chute, seulement un dernier flash back concluant finalement sur cette série d’accident qui ne sert finalement qu’à boucler une boucle qui aurait pu rester dans son délire sans qu’on vienne jamais la déranger. Encore un film qui se fout d’avoir un public !
Voracinéphile
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le 15 juil. 2014

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