Dans ce film, ce qui prime, ce n'est pas tant l'intrigue que l'atmosphère qui s'en dégage.
L'action se déroule au sein de paysages magnifiques. Espaces blancs immaculés où la neige s'étend à perte de vue, le lieu est unique et paraît tendre vers l'infini. Les personnages évoluent dans de vastes surfaces glacées, à ciel ouvert. Mais, là où l'on pourrait penser que la neige est la même partout, on se rend compte en réalité que ce matériau, témoin du passage de l'homme, est d'une richesse absolue, en plus d'être le révélateur prothéiforme des troublants évènements qui se sont déroulés en ces zones quasi-vierges.

La lumière blanche qui baigne chaque image donne au film une couleur étrange, presque irréelle. Là où le soleil ne se couche jamais, c'est pourtant dans les ténèbres les plus absolues et les zones d'ombres les plus sombres que nos protagonistes vont s'enfoncer.

Ambiance noire réhaussée par un éclairage éclatant, ce thriller dépeint avec simplicité et sincérité une jeunesse désoeuvrée qui rêve d'ailleurs. Le réalisateur aborde également des sujets qui touchent de près la communauté inuit : pauvreté, fléau de l'alcoolisme et de la drogue qui se répand dans ces endroits reculés du globe, mais aussi science de la chasse et de la nature, et héritage des valeurs communautaires, c'est une civilisation à cheval entre la tradition et la modernité qui nous est ici montrée. Etrangement proche, et pourtant si lointaine.

La complexité des sentiments humains est également explorée : entraide, culpabilité extrême, question des limites de l'amitié, ce film pose intelligemment le problème de l'intégrité de chacun et met en place des cas de conscience épineux que les personnages devront gérer.
L'intrigue, très intimiste, est traitée avec originalité: le film ne se base pas sur le ressort classique du "whodunnit", et ne porte pas à l'écran d'enquête policière à proprement parler. Le meurtre, dissimulé, puis rapidement découvert, est semble-t-il connu de certaines personnes au sein de la tribu inuit, mais les non-dits sont légion, et le réalisateur prend davantage le parti de montrer le calvaire qu'endurent les coupables.

Ici, le suspens réside donc plutôt dans le fait de savoir si les jeunes meurtriers vont ou non prendre la décision de se livrer à la police. Accepter de se remettre en question et d'assumer les conséquences parfois tragiques de ses actes, tel est le réel thème de ce film qui revêt des allures de récit d'apprentissage atypique, le tout sur une musique envoûtante dont l'omniprésence ne fait qu'ajouter au rythme si particulier de ce long métrage, à mon sens très réussi.
Mention spéciale à Frank Qutuq Irelan, qui joue particulièrement bien les jeunes paumés torturés.
williamblake
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le 22 déc. 2011

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