Oliver et Compagnie
6.3
Oliver et Compagnie

Long-métrage d'animation de George Scribner (1988)

Avant "Bernard et Bianca au Pays des Kangourous"

Avez-vous entendu parler des théories Disney?

Si ça n'est pas le cas, en voici une qui pourrait vous plaire.

Il existe une théorie Disney liant les deux films Les Aventures de Bernard et Bianca et Oliver et Compagnie.

En effet, dans Les Aventures de Bernard et Bianca commençant à New York, l'orpheline Penny disait ceci

Un monsieur et une dame m'ont regardés de près. Mais ils ont choisi une petite fille rousse.

Onze ans plus tard sorti le film Oliver et Compagnie se déroulant également à New York. Film dans lequel on retrouve une petite fille rousse nommée Jenny.

Depuis que ce film existe, une théorie Disney a été créée (comme quoi les théories de fans existaient bien avant l'arrivée d'Internet). Selon celle-ci, Jenny serait la petite fille rousse en question ayant été préférée à Penny lors du jour des visites pour les adoptions dont parle Penny dans Les Aventures de Bernard et Bianca.

Et ben, pour ceux qui pensent que c'est vrai, sachez que Oliver et Compagnie a bel et bien un lien avec Les Aventures de Bernard et Bianca.

Malheureusement, ce n'est pas celui que vous imaginez.

Pour ceux qui aiment les théories, je suis désolée de devoir vous annoncer que le lien en question est minuscule tout en n'ayant rien à voir avec l'univers du couple de souris anthropomorphes.

En effet, à la base, Oliver et Compagnie était un projet de suite du film Les Aventures de Bernard et Bianca où l'on voyait Penny, observés par Bernard et Bianca, s'habituer à sa nouvelle vie avec ses parents adoptifs. Mais alors que le film était en cours de production, l'idée a été abandonnée au profit d'un nouveau scénario: celui de Oliver et Compagnie.

Et, honnêtement, je trouve que c'est une bonne idée parce qu'un film sur le train-train quotidien d'une enfant n'a pas sa place dans un univers tel que celui de Bernard et Bianca se basant sur des aventures avant tout.

Si celui-ci se déroule à New-York, c'est surtout parce que les dessins de New York avaient déjà été faits. Ainsi, beaucoup de budget ayant été dépensé et Disney étant encore en plein Dark Age à l'époque, il fallait obligatoirement situer l'histoire à New-York. Et quoi de mieux que d'adapter le roman Oliver Twist de Charles Dickens en le resituant à New York?

Ca peut paraître ne pas être l'idée la plus brillante du monde mais quel est le résultat de cette dernière?

Voici l'histoire.

Oliver est un chaton n'ayant pas réussi à trouver de maître. Résultat, il est à la rue et ne sait pas comment s'en sortir jusqu'à ce qu'il rencontre Roublard, chien d'un SDF nommé Fagin obligé de faire du squatting avec Roublard et ses chiens. Oliver finit par créer un lien avec eux se trouvant ainsi un substitut de maison et devient proche de Roublard. Mais Fagin devant une immense somme d'argent à un milliardaire mafieux nommé Sykes, la bande se retrouve dans la m****.

Lorsque Oliver est trouvé, malgré lui, par une enfant de riches nommé Jenny, dont nous parlions plus haut, celle-ci jouera, malgré elle, un rôle dans les affaires de la bande.

Comme vous pouvez le constater, ce film n'est pas une vraie adaptation de Oliver Twist car il a reprend à peine quatre personnages du roman, à savoir Oliver, Fagin, Sykes et Roublard.

De plus, l'oeuvre transforment leurs personnalités, et leurs espèces pour deux d'entre eux. En effet, Oliver et Roublard étant des enfants dans le support d'origine deviennent ici un chien et un chat.

En dehors de ça, l'histoire n'a rien à voir avec celle du support d'origine étant une intrigue originale avant tout.

Ceci dit, on pourrait pardonner ceci si le film peut être sympathique. Est-ce le cas?

Deux mots: pas vraiment.

En effet, en théorie, le scénario est plutôt bien pensé et certains personnages sont attachants comme Roublard (doublé par Patrick Poivey) qui a un caractère un peu arrogant mais un grand coeur ainsi qu'un esprit de meneur et un caractère plein de peps.

Dommage que cela soit gâché par un côté dragueur frimeur agaçant. Heureusement qu'il drague très peu pendant le film et se concentre surtout sur l'essentiel à savoir être dévoué à ses amis.

Quant à Jenny, dont nous avons parlé plus haut, si celle-ci est juste une petite fille mignonne, elle n'en est pas moins touchante cette dernière étant victime de l'absence permanent de ces derniers. En effet, les parents de Jenny sont tellement pris par leurs voyages professionnels qu'ils ne sont même pas présents pour l'anniversaire de leur fille.

Ouais, si la théorie Penny-Jenny avait été vraie, heureusement que cette famille n'aurait pas choisi Penny. Elle aurait été très malheureuse dans cette famille absente/inexistante qui ne lui aurait pas donné l'amour dont elle avait tant besoin.

L'arrivée d'Oliver sera son rayon de soleil au point qu'elle ira jusqu'à risquer sa vie en le croyant en danger n'hésitant pas à se rendre dans les quartiers "mal fréquentés" pour le sauver.

Dommage qu'elle finisse dans le rôle de la demoiselle en détresse à la fin juste parce que Disney aime mettre des enfants en danger.

Ce qui rends Jenny authentique est qu'elle est doublée par Sauvane Delanoë ayant été Fievel dans Fievel et le Nouveau Monde donc étant très douée pour les rôles d'enfants tristes.

Heureusement qu'ils ont eu la lucidité de ne pas la faire chanter vu les fausses notes auxquelles on a eu droit durant la chanson "Très loin là-bas". En effet, pour le chant, Jenny est doublée par Linh Rateau chantant correctement.

En ce qui concerne les personnages, il s'agit majoritairement de chiens n'ayant pas vraiment de personnalités si ce n'est être des stéréotypes mais étant, à quelques exception près, sympathiques.

-Einstein le benêt (belle blague) doublé par René Bériard

-Francis le distingué doublé par Jacques Deschamps

...ou encore

-Rita la lucide doublée Sylvie Moreau (dialogues) et Dada Hekimian (chant)

Parlons de Fagin (doublé par Philippe Dumat, la voix de Picsou pendant TRÈS longtemps). Alors comment dire? Le personnage est plutôt appréciable. En effet, c'est un pauvre type sans le sou essayant de vivre tellement fauché qu'il a emprunté une grosse somme d'argent à un mec très riche mais ignoble, ce qui risque de le conduire vers sa fin imminente. Difficile de ne pas être triste face à la situation de ce gars désespéré voulant sauver sa peau mais ayant un grand coeur refusant de se sortir de la m**** aux dépends des autres.

En effet, quand il voit que tenter de sauver sa peau est au prix du malheur d'une fille esseulée, il préfère lui rendre son chat son arrivée dans sa vie lui ayant redonné le sourire et va même jusqu'à tenter de la sauver quand elle est enlevée.

Seulement, bien que Philippe Dumat soit, généralement un bon comédien de doublage, dans ce film, il surjoue en criant inutilement, ce qui ôte toute empathie possible envers lui. Dommage.

Et maintenant, parlons du personnage principal Oliver (doublé par Renaud Tissier). En dehors d'être le seul chat du film, il n'est pas très intéressant. En effet, ce n'est rien de plus qu'un mignon chaton voulant une maison.

Cependant, son histoire fait qu'on est en empathie avec lui durant tout le film. En effet, personne n'ayant voulu au début du film, celui-ci est perdu dans l'immensité de New-York montré comme un milieu hostile peu accueillant pour les petits êtres. Ainsi, il se retrouve délaissé de tous en proie à d'ignobles dangers dans ce lieu sans empathie le délaissant.

En voyant tous ces éloges, vous devez vous demander pourquoi la note est aussi basse.

Et ben, des explications s'imposent.

Si les personnages sont majoritairement appréciables, il y en a tout de même qui sont complètement ratés.

La chienne de Jenny, Georgette (doublée par Michelle Bardollet et Marie Ruggeri), est une diva prétentieuse, insupportable et égocentrique ne supportant pas que tous les regards ne soient pas posés sur elle et devenant geignarde dans les situations risquées.

Et n'oublions Tito, stéréotype raciste du mexicain avec un accent stupide.

Disney, vous devriez avoir honte!

En plus d'être un immonde cliché insultant, le personnage est un envahissant aussi bien pour les personnages que pour les spectateurs mais c'est également un ignoble harceleur draguant Georgette sans arrêt même s'il n'arrête pas de se faire rejeter.

Difficile à dire ce qui est le pire entre ça et le fait que Georgette finisse par lui tomber dans les bras alors qu'elle n'avait montré aucun signe d'attirance envers lui. De plus, "l'histoire d'amour" finit par ne pas marcher parce que, finalement, Tito ne veut plus de Georgette. Ce qui fait que le film nous fait perdre du temps pour rien dans une intrigue secondaire lamentable n'ayant servi à rien.

Gérard Hernandez, pourquoi avoir accepté un tel rôle?

Déjà, on sent un recyclage excessif en voyant énormément de chiens provenant de La Belle et le Clochard et Les 101 Dalmatiens parmi les figurants. Certains pourraient parler de clins d'oeil mais qu'on en voit beaucoup dans un même plan et un autre quelques secondes après, difficile de ne pas se dire qu'ils sont là uniquement parce que c'est toujours pratique d'utiliser des designs existants pour créer un film sans dépenser trop d'argent pour autant.

En effet, le film, en dehors de se prétendre être une adaptation de Oliver Twist alors que ce n'est PAS DU TOUT LE CAS, est gâché par des chansons difficilement écoutables tant elles sont tantôt mièvres, tantôt mal écrites.

Les seules qui valent l'écoute sont Mais pourquoi m'en faire présentant le personnage de Roublard (doublé par Jacques Mercier pour le chant) et son côté frimeur de façon efficace aux spectateurs...

...de plus, on a droit à une reprise de la chanson à la fin du film, ce qui fait un beau final

...et En bonne compagnie où l'on voit Oliver et Jenny créer un attachement l'un envers l'autre de façon touchante dans une séquence prenant son temps pour nous montrer petit à petit le lien se tissant entre les deux.

Par contre, on peut se demander si la gamine n'est pas une s***** sadique en faisant mine d'accueillir à coeur Oliver chez elle tout en lui faisant des plats à base de chocolat afin de lui faire subir une mort atroce et douloureuse juste pour s'amuser; ou bien tout simplement en déduire que les créateurs du film ne savent pas que le chocolat est toxique pour les chiens et les chats.

En parlant de prendre son temps, parlons du défaut principal du film. En effet, malgré une bonne histoires et des personnages, pour la plupart, appréciables, impossible de prendre le temps de s'attacher à eux.

Pourquoi? Parce que le film va beaucoup trop vite et ne pas assez de temps pour développer son histoire. En effet, en regardant le film, on a l'impression que le scénario ne fait que passer d'un point A à un point B à toute vitesse au point qu'on n'a jamais le temps d'apprécier les personnages ou l'histoire.

Oliver passe quelques heures avec les chiens de Fagin et, boum, il se sent à sa place dans la bande. Jenny et Oliver se connaissent depuis un jour et boum, ils s'adorent.

Si le film avait duré quinze ou vingt minutes de plus que sa durée officielle, peut-être aurait-il été possible de vraiment prendre le temps de s'attacher aux personnages et aimer l'histoire au point qu'on veut les voir du pétrin dans lequel ils sont. Seulement, le film étant court et ne s'attardant pas sur ses personnages, ce n'est pas le cas alors qu'il y avait du potentiel. C'est triste.

Mais surtout, il y a cette horrible fin où le majordome de Jenny, Winston, ne montre aucune gratitude envers Fagin alors qu'il a sauvé l'enfant des griffes d'un immonde s***** ayant manqué de la torturer et faire bouffer par des molosses. Ni récompense financière, ni possibilité de s'installer chez Jenny alors que la maison est immense...Quel c******!

En gros, Oliver est le seul à avoir droit à sa happy-end tandis que Fagin, en plus d'être condamné à faire du squatting à vie, peut recommencer à n'importe quel moment à mettre ses chiens et lui-même en danger en refaisant des actes irréfléchis et dangereux.

Comme le dirait si bien Homer "C'est nul".

Au final, les choses qui valent réellement le visionnage sont le méchant et ses sbires.

Sykes (doublé par Henri Djanik) est un antagoniste glacial prêt à tout juste pour un centime et prenant un plaisir sadique à torturer aussi bien physiquement que moralement ceux qui le mécontentent.

Sérieusement, non seulement, Oliver et Compagnie est le seul film où vous entendez parler de Brodequins...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Brodequins_(torture)

...mais en plus, même si ça reste de la violence à la Disney, on voit Sykes faire à plusieurs reprises.

Sans compter le fait qu'il n'hésite pas à enlever une petite fille pour arriver à ses fins.

En dehors de ça, Sykes est probablement le méchant Disney à avoir une mort malaisante: écrasé par un métro. C'est à la fois violent et si soudain qu'on ne peut s'empêcher d'avoir un frisson en la voyant.

Et n'oublions pas ses molosses, Roscoe et DeSoto. Ces derniers sont résumés avec une seule réplique de Sykes.

Ne t'inquiète pas, fillette. Ils ne te mangeront que si je leur dit de le faire

En effet. Les deux molosses de Sykes sont des machines à tuer obéissantes et, également, sadiques prenant plaisir à menacer et à maltraiter ceux se trouvant sur sa route. Même des adversaires n'étant pas du tout à leurs tailles. En gros, ce sont des monstres.

De plus eux aussi ont une mort violente. Encore plus violente que celle de Sykes puisque celle-ci, en plus d'être atroce, est montrée à l'écran. En effet, ils sont électrocutés sur des rails de métro en gémissant de douleur sous nos yeux.

Heu...on est vraiment en train de parler d'un film d'animation pour enfants là?

Bref, Oliver et Compagnie n'est pas le meilleur Disney ever ni excellent, ni mémorable mais est sympathique sans plus. On peut l'apprécier soit par nostalgie, soit en tant que film détendant un jour où on ne trouve rien à faire.

Faites-vous votre idée.

Ce fut le dernier film du Dark Age avant que Disney entre dans son Second Âge d'Or.

Durant ce dernier, Les Aventures de Bernard et Bianca eut enfin droit à une véritable suite.

Mais ça, c'est une autre histoire.

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le 5 déc. 2022

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