Old People
4.8
Old People

Film de Andy Fetscher (2022)

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La vieillesse et l'invisibilité au monde pour un sujet brûlant d'actualité. Certains apprécieront l'ironie du geste.

Andy Fetscher choisi le genre horrifique qui sied si bien à cette peur de la déchéance et de cette destinée finale qui effraie tant.

Le portrait est à la fois excessif, autant qu'il dresse le constat de l'abandon pour notre troisième âge. Ils sont moribonds, visages défaits et yeux absents, balayés du revers de main par certains des soignants qui s'excuseront du manque de budget à mieux s'en occuper, ou de leurs familles qui les auront abandonnés. Personne n'est innocent au yeux du réalisateur, qui va au bout de son propos ne laissant guère de chance à quiconque.

D'emblée, nous voyons la dénonciation poindre lorsque qu'une famille arrive dans un village perdu aux seuls habitants de plus de 70 ans. La jeunesse a disparu, partie en ville, laissant le soin de veiller sur leurs aînés à la seule maison de retraite. Une réalité sociale de vieillissement de la population sans que l'on adapte les solutions que nos vieillards trouveront eux-mêmes. Remontés de tant de maltraitance, active ou passive que subit leur grand âge, leur réponse frontale en est étonnante et jubilatoire, et nous rappellera si besoin est, qu'ils ne sont pas déjà morts. Parqués dans les salles, perdus dans les couloirs, oubliés sous la douche ou attachés sur leur lit sans personne à leur côtés, ce sera un allez donc vous coucher qui sera la goutte d'eau... Défendus d'écouter les sons musicaux d'un mariage, ils décident alors de s'enfuir pour se rendre au village après avoir fait place nette.

Tels des zombies et devant tant de liberté, ils nous rappeleront à leur bon souvenir. Ce sera la démultiplication de leurs forces physiques inattendues par cette nouvelle volonté d'indépendance et notre propension à les penser inoffensifs, qui leur offrira la vengeance sur un plateau, avant que les invités ne se décident enfin à se planquer à l'intérieur, une fois le carnage enclenché.

Tous les acteurs sont parfaits pour un casting presque entièrement féminin. Melika Foroutan en mère badass lutte évidemment pour sa famille et prendra les choses en main, son adolescente Bianca Nawrath, qui semble tenir de sa mère, marque tout autant la pellicule et Anna Unteberger qui n'hésitera pas à en sacrifier certains, souligne la faiblesse en regard de l'impensable. Un peu poussif, mais le personnage convoque à lui seul ce que peut suggérer la perte de repères dès lors d'une confrontation à ce que l'on ne peut sainement envisager. Et puis bien sûr, la prestance d'Eveline Hall du haut de ses 77 ans, à la beauté inquiétante et à la revendication tout aussi muette et implacable que son bras droit vengeur au regard perçant.

Une façon de pointer cette fois-ci et brillamment comment une situation aussi radicale devient la seule réponse à la violence et au déni subis.

Tout en silence, nos fantomatiques vieillards semblent flotter, nageant dans leurs chemises de nuits déjà ensanglantées, glissant sans bruit vers leurs victimes, aux armes choisies avec les moyens du bord. Les teintes grisâtres si elles servent l'ambiance délétère, rappellent à l'origine allemande du cinéaste mettant en valeur les décors campagnards et si poétiques, entre ombres et brouillards, enfermant les invités à ciel ouvert pour quelques sueurs froides garanties.

L'ambiance est pesante et sourde pour un sujet dérangeant. Une faible luminosité renforce l'inquiétude face aux bruits suspects. Les positions statiques et les attentes effrayées derrière les portes fermées renvoient à la notion d'abattoir, tout comme ce groupe de vieillards qui suivent sans broncher leurs deux chefs de meute. C'est alors en miroir toute une société résignée qui nous ait montrée, avant qu'un final presque optimiste, nous rappelle que ce serait bien le grand-père (Paul Faßnacht) qui pourrait les sauver tous ?

Troisième film d'horreur pour ce jeune cinéaste que l'on salue en passant pour ce sujet qui fâche et qui sur 1h30 nous évite les 20 premières minutes de remplissage habituel pour entrer dans le vif du sujet. Malgré un cahier des charges attendu en terme d'effets et de personnages, reste un excellent moment cinéma.

limma
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le 31 oct. 2022

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