Les spoilers du synopsis n’en sont pas, nous avons droit dans les 10 premières minutes à un massacre dans les règles d’une famille entière, démembrés et débités sous nos yeux par des cannibales en haillons et peinturlurés de boue, équipés d’outils émoussés visiblement volés chez l’habitant. C’est en fait cet étrange mélange, cheap et réaliste, qui fait la spécificité d’Offspring, et en fait le meilleur héritier de La colline… de Craven. Il n’a pas de budget, et met en scène d’une façon réaliste et antispectaculaire (l’inverse de Aja qui rendait chaque apparition des cannibales impressionnant) ses mangeurs d’hommes, humains retournés à leurs instincts primaires et vivant en meute organisée, pillant de temps à autres les maisons isolées histoire de se remplir la pense un bon coup. Oui, la première confrontation avec les cannibales est proche du ridicule, tant le décalage entre la modernité et notre meute contraste. Mais une fois la pilule avalée, l’histoire devient prenante et surtout, malgré son absence de gros enjeux, les détails qu’elle s’obstine à souligner portent leurs fruits. Si les présentations des adultes lambda que nous allons suivre échoue à impliquer (seul le gamin et l’enfoiré de service en décapotable attirent notre attention), celle de la meute et de ses différents membres (on y reconnaîtra la femelle de The Woman, déjà figure d’autorité et de sauvagerie redoutable) intéresse vraiment, l’organisation hiérarchique tribale posant déjà les relations entre ces êtres de pure survie. Le reste de l’histoire se contente, comme prévu, de suivre les confrontations entre tous ces personnages, dont l’issue semble peu certaine… La facture de film extrême passe ici surtout par des maquillages gores assez crades, et par le déchaînement de violence qui touche tout le monde (les enfants sont loin d’être épargnés, dans les deux camps). Avec ces deux qualités, le film joue simplement sur la survie des différents protagonistes, en suivant simplement les mouvements humains, en captant quelques sentiments ça et là, dilués dans la violence sèche. Les films de cette trempe sont rares, et si Offspring assume la débauche de sa violence, son efficacité implique le spectateur, en l’entraînant sur un terrain qu’on redécouvre (oubliez les détours mortels et autres légumes du genre…). En note de fond, nous avons ponctuellement quelques lourds constats sociologiques (l’enfoiré notoire se tire toujours des situations en laissant les autres prendre à sa place (le sort qui lui est réservé rappelle l’issue du remake de La nuit des morts vivants), ce sens du sacrifice pour sauver l’enfant…) qui viennent apporter un peu de matière pour les débats de fin de projection, mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est la plongée totale dans la survie qui fait la force d’un petit film comme Offspring. Après, les acteurs pas toujours terribles et quelques faiblesses ça et là (une certaine redondance au bout de la première heure) contiennent Offspring dans sa facture de petit film d’horreur méconnu (en terme de réflexion, il n’atteint pas le quart de The Woman), mais il plante d’honnêtes bases, et la fraîcheur avec laquelle il s’attaque au genre (un absurde réaliste) lui donnent toutes ses chances pour une découverte chez soi, mais en VO (le film n’a pas encore été édité en France).
Voracinéphile
6
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le 13 févr. 2014

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Voracinéphile

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