Le choix des trois époques (temps présent, enfance, et univers psychique figuré dans l'antiquité), participe à cette réappropriation du mythe par l'individu ordinaire, l'homme du sous-prolétariat fatalement déterminé. A l'universalité du texte de Sophocle, Pasolini offre une lecture triviale, autrement temporelle.

Le préambule dans les années 20 est impressionnant ! Montage sec, solennel, magistralement elliptique, valeur des plans précise et passionnante. Silvana Mangano est sublime (ce plan digne d'une icône, après l'allaitement du bébé, où son visage s'assombrit après l'allégresse d'un sourire !). Le regard impitoyable du père sur l'enfant un peu plus agé. La scène du balcon où ce dernier ressent l'abandon, tandis qu'il les observe s'embrasser au loin en ombres, derrière le rideau d'une grande soirée dansante ! Joie parentale qui s'illustre par des feux d'artifices resplendissants, répondant aux fleurs colorées entourant l'enfant derrière les barreaux !

La période antique m'a beaucoup moins captivé, peut-être un peu grotesque pour les scènes d'action. Pourtant les décors, tant intérieurs qu'extérieurs, épurés pour ces derniers, sont magnifiques. Scènes de clairs-obscures accueillants l'inquiétant couple incestueux assez sidérants.

Le film restitue la figure du cercle, inexorablement lié à la terre, figure du paradis perdu, celui de la mère idéalisée.

Flip_per
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films vus en 2023, Déterminisme social, Fatalité cruelle, Prolétariat et Névroses

Créée

le 13 oct. 2023

Critique lue 5 fois

Flip_per

Écrit par

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur Œdipe roi

Œdipe roi
B0mbii
7

Œil-dipe roi

Les dieux l'ont annoncé Œdipe, tu dois fuir ta famille, telle est la seule façon apparente de fuir la prophétie. Marcher, marcher, marcher... Œdipe fuit sa famille en pensant qu'il va embrasser la...

le 14 sept. 2014

26 j'aime

6

Œdipe roi
Plume231
2

Qu'est-ce qui vous ennuie au début, vous endort au milieu, vous réveille en sursaut à la fin ???

Entre moi et le cinéma de Pasolini, ça n'a jamais été une grande histoire d'amour. 4 films, 4 œuvres pour moi où l'ennui réussit à écraser totalement la prétention qui est pourtant très forte. Etant...

le 6 oct. 2015

23 j'aime

9

Œdipe roi
Bussy
5

BLABLA JE HURLE JE SUIS PAS CONTENT (titre provisoire)

Ce film souffre de beaucoup de problèmes qui l'empêchent de devenir un grand film. Alors que le mythe est respecté, compris et bien retranscrit. Que le film installe une ambiance réussie, le travail...

le 7 déc. 2013

20 j'aime

5

Du même critique

Le Voyage
Flip_per
6

Vers le serpent à plumes

Satire politique engagée à l'échelle du continent, par le truchement comme on dit d'un voyage initiatique. Des atmosphères très originales, variées, ayant recours au réalisme magique typiquement...

le 14 avr. 2024

1 j'aime

Crépuscule à Tokyo
Flip_per
8

Critique de Crépuscule à Tokyo par Flip_per

D'une infinie délicatesse, comme ces plans trois-quarts dos accompagnant les protagonistes dans leurs détresse muette, solitaire (Kisako, la mère, en particulier). Dénonciation d'une morale sociale...

le 7 avr. 2024

1 j'aime

When the World Was One
Flip_per
7

Critique de When the World Was One par Flip_per

Très bel album jazz contemplatif, classique, avec ce bel ancrage folk britannique par ses déroulés de harpe et son invitation méditative métissée vers l'orient, invitant le koto. Certes pas tout à...

le 13 mars 2024

1 j'aime