Observe and Report
5.7
Observe and Report

Film de Jody Hill (2009)

Oui, le titre de ma critique fait référence à Taxi Driver. Observe and Report n’est pas une comédie américaine comme on l’a connait, mais plutôt une comédie noire sur la vie d’un bipolaire : Ronnie Barnhardt (Seth Rogen) – le chef de la sécurité d’un centre commercial qui jure d’attraper le pervers sexuel qui y déambule à poil en pointant sa teub sur les clientes.


Travis Bickle et Ronnie Barnhardt partagent de nombreux traits de caractères. Asociaux et maladroits, tous deux aspirent à quelque chose de grand, de plus grand qu’eux, un désir de faire justice poussé à l’extrême. Dans les deux cas, ces illusions vont se terminer par une effusion de sang.


Le réalisateur nous place du point de vue dérangé de Ronnie : dans sa tête, il se voit comme un honorable sheriff ou comme un preux chevalier qui doit faire le bien pour sauver l’humanité (attraper le pervers) et conquérir la fille (Brandi, une maquilleuse décérébré). Mais Ronnie est un looser doublé d’un gros connard égoïste (la scène de l’entrainement chez les policiers est hilarante). Dans sa tête, il a été élu pour sauver l’humanité de ce pervers sexuel dont la plupart des gens se contrefichent.


Ces traits de caractères sont conditionnés par sa bipolarité (il prend des cachets pour réguler son humeur), trouble qui se divise en deux phases : la phase dépressive et la phase maniaque. Le film nous prend au début de la phase de manie de Ronnie : il prend de l’assurance en se faisant une affaire personnelle de ce pervers sexuel, son énergie déborde et il se reconnecte socialement (avec ses collègues, avec Brandi, etc). Mais, il met tout le monde autour de lui mal à l’aise : il est imprévisible (une minute, il va se déchaîner sur une personne, l’autre minute s’excuser – comme le montre sa relation avec Nell), et, il n’a pas les codes d’une relation amoureuse (dans une scène à la fois dégueulasse et hilarante, il croit fermement avoir conquis Brandi).


Seth Rogen ne joue pas le fat ass branleur que l’on connait habituellement. Contrairement au Seth que l'on connait, Ronnie est bourré d'illusions et d’idéaux et il est persuadé de donner un sens à sa vie : faire régner la paix, le bien grâce à son métier. A vrai dire, si Ronnie croisait le Seth Rogen dans son centre-commercial, il le pourrirait et le foutrait dehors à cause de sa dégaine de branleur.


Tous les personnages sont détestables : que ce soit Ronnie, sa mère (alcoolique), ses collègues (hormis Todd de Breaking Badd, ils sont tous débiles voire méchants comme l’hispanique), Brandi (une pouffe irritante), Nell (une ridicule « virgin born again »), le boss de Nell (un gros connard), les policiers (des enculés prêt à tout pour se défaire de Ronnie). Bref, la société n’est pas belle et Jody Hill le montre.


En bref, ce n’est résolument pas une feel good comédie comme on a l'habitude de voir. C’est plus une comédie noire, glauque, malsaine, absurde et parfois dégueulasse. Mais c’est ce malaise permanent qui, pour une comédie US, fait la singularité, le charme du film.

OG_LOC
8
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le 2 juin 2015

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