Aahh, Michel !.....


Même si la dimension sexuelle est très présente, - les acteurs sont juste nus en permanence, et le seul bonus sur mon dvd, c'est "Filmer la nudité en ville et à la campagne". Je vous fait pas plus de dessin ! - le cinéma de Michel Deville n'est pas libertin. N'empêche que si on ne voit pas les "allusions" au désir, au fantasme, qui y sont partout disséminées, même entre pudeur et voyeurisme et jamais ou rarement de manière directe, c'est qu'on est pas fut-fut, ou très très handicapé... De Deville, je connais seulement - pour l'instant - deux films, Nuit d'été en ville et La Lectrice, qui font l'expérience de cette entrée dans un univers teinté d'érotisme. Mais je ne manquerai pas de voir dans les prochaines semaines Raphaël ou le débauché et La Femme en bleu, pour compléter la collection.

Chez Deville le sexe et l'amour relèvent du fantasme. La Lectrice n'est finalement que le fantasme de Miou-Miou, trop bonne. Un film dans le film où l'actrice lit à son compagnon un roman intitulé La Lectrice et se représente comme le personnage principal de ce roman qui passe son temps à faire la lecture et à faire fantasmer un adolescent handicapé à coup de sous-entendus évidents (y'a plus qu'à se référer à La Toison d'or !), à faire l'amour et la lecture à un chef d'entreprise célibataire, à lire du Sade à de vieux sales pervers (ça c'est la scène insupportable pour moi) et à rêver d'une femme qui se prostitue pour rendre son ami jaloux. Désirs enfouis et inassouvis, des décors trop verts, trop blancs, trop épurés ou trop étranges, aux cadrages trop francs et trop statiques, la spééécialité maison de Michel.

Nuit d'été en ville est considéré comme le film le plus sensuel de Deville, le plus érotique mais également le plus pudique puisqu'il ne raconte finalement que l'histoire de deux individus qui se rhabillent, et ça, je peux entièrement le croire. Au départ, relation d'un soir, leur "rendez-vous" se prolonge, s'approfondit et plus elle devient intime, parlée tout en restant charnelle, plus ils se recouvrent (tout en se découvrant, hahah). Des dialogues fins, propres au réalisateur, une répartie incroyablement spontanée, des cadrages précis et une chaleur intense rendent parfaitement compte des petites subtilités qui mènent ce couple d'une nuit à construire quelque chose. Une pudeur s'installe dans ce huis-clos à mesure que s'installe une complicité entre deux êtres qui se cherchent et se trouvent. Dans un an, y'a un gosse, qui sait ?!

Marie Trintignant est splendide, je tiens d'ailleurs ou plutôt j'en profite pour cracher sur Bertrand, parce que là, vraiment t'as pas été intelligent... et Jean-Hugues Anglade est tout à fait potable.

Adepte du cinéma "pas-prise-de-tête-sensuellement-pudique-découvert", GO !

ahlasuze
8
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le 8 août 2011

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