Désolé mais non.


On sent l'envie de nous émouvoir, de nous faire rire, la réalisation d'un objet très personnel et sincère, mais ça n'excuse pas ce qu'est le résultat.


Si on s'en tient aux faits, le film ne tient pas debout une seule seconde car tout est mit au service de l'humour, au détriment de toute logique de personnages, ou de narration. Quel genre de père oublie (deux fois !) que son propre fils n'a pas le permis, dont une fois, pour amorcer le gag suranné du conducteur faisant une marche avant en pensant faire une marche arrière (on parle d'un film de 2024).


Ton humoristique en plus très forcé et constamment surligné de manière si appuyée qu'on se demande si on ne nous prends pas un peu pour des cons. Je veux dire, que ça nous fasse rire ou non, on a capté qu'il y avait à un moment une intention comique, pas besoin que ce soit surligné avec une grimace, une réplique, ou une musique (parfois les trois !), pour être sûr qu'on ne soit pas passés à côté.


Et pour le côté dramatique, c'est pareil. Et que je te fous des violons, des gens qui pleurent et du jeu de focale pour bien te prendre par le col et te dire "Vas-y, c'est là qu'il faut chialer !".


Tous les gimmicks présents dans le film typique, du road movie familial comico-dramatique, ont déjà été faits mille fois, et bien mieux que ça.


A côté de ça, on sent bien quelques tentatives esthétiques, mais rien de bien folichon, ni qui ait vraiment sa place là-dedans. On a tantôt des plans super brouillons d'enseignes filmées en voiture, tantôt un travail de symétrie, tantôt un ou deux dolly zoom, mais rien qui n'apporte un sujet, un propos en plus.

Et si on s'en tient même au sujet principal, la famille, bah c'est pas glorieux non plus. Là où j'ai peut-être eu le plus d'empathie, c'était pour les deux enfants, adolescents qui essayent tant bien que mal de faire comprendre à leurs parents qu'ils sont restés des enfants. C'est quasi leur seule fonction, mais ils s'y tiennent bien, et c'est peut être le seul aspect du film qui se tient, et encore. Quand on voit comme est illustré la résurgence du côté enfantin et punk des parents, à savoir se comporter comme des connards, et se battre (sur du sardou...) avec la scène du caricaturiste, y a de quoi pester sur ce que représente l'esprit punk dans le film, qui semblait pourtant être un aspect culturel cher aux parents, et donc à Flober j'imagine.


Sinon Charlotte fait du Gainsbourg, pas trop de différences avec les rôles qu'elle s'est vue attibuée avant, même en dehors du registre comique. C'est toujours cette figure frêle avec une dose de passif agressif comme mécanisme de défense. Sauf que la, elle ne sait pas ouvrir des bouteilles ou des cannettes. José Garcia est tellement débile qu'on n'y croît pas un seul moment, quand il n'est pas colérique et par conséquent ne donne à aucun moment envie qu'il reconstruise le cocon familial, ou quand il ne manipule pas carrément son petit monde, et qu'en plus tout le monde autour accepte d'être crédule. C'est assez hallucinant.


Bref, on a affaire à un ensemble ou rien ne nous donne envie d'y croire, de ressentir, puisque rien ne laisse transparaître une once de personnalité, rien n'a de conséquence, tout est en toc, perdu dans un film à sketch plus que bancal. Il n'aurait peut-être pas fallu essayer à tout prix de nous faire rire, ou même de nous émouvoir pour que ça fonctionne. Juste dresser le portrait d'une famille ordinaire avec un couple qui bat de l'aile, sans vouloir être trop sensationnaliste, et tout se serait fait tout seul à mon sens, d'autant qu'avec l'équipe présente, il y avait de quoi faire.


FloBer nous montre bien comme il est compliqué de restituer des souvenirs de sa propre histoire, et de faire un premier film sans trop s'éparpiller.

Discovoador
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le 8 mai 2024

Critique lue 29 fois

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