Nothingwood
7
Nothingwood

Documentaire de Sonia Kronlund (2017)

Je commence à être familier du travail de Sonia Kronlund, en particulier à la radio, dans son émission "Les pieds sur Terre" diffusée sur France Culture. J'aime beaucoup son parti pris de reportages sans voix-off, qui laissent s'exprimer les concernés sans nous fournir de grille de lecture pré-mâchée. Si j'en parle ici, c'est que l'on retrouve cette démarche salvatrice dans "Nothingwood", qui brosse le portrait d'un cinéaste afghan complètement allumé, dont la mauvaise foi fait autant le charme que sa sincérité désarmante.


Salim Shaleen a réalisé un paquet de ce qui ressemble à de sacrés nanars, et en tire une grande fierté, car il tourne sans argent et avec sa condition d'homme peu éduqué, y compris au cinéma. Au début, on se moque de son arrogance, des quelques scènes d'action cheap qu'on nous montre, ou des dialogues surjoués. Et puis on s'attache à ce qu'il convient d'appeler un personnage, tant sa démarche semble sincère.


La prouesse de ce documentaire réside à mon sens dans les multiples ambiances qu'il fait se mélanger harmonieusement. Pour grotesques que soient les films de Shaleen, pour exubérant qu'il soit, pour hilarantes que soient ses relations avec ses amis acteurs et techniciens, il n'en reste pas moins que le documentaire se déroule en Afghanistan, pays régulièrement meurtri par les attentats, en proie à un islamisme barbare et aux convoitises de l'occident. Tout cela, le film le montre, ou plutôt le pose comme décor de fond. C'est aussi un pays dont Kronlund se dit amoureuse, et cela se sent : on contemple les montagnes autant qu'elles nous contemplent, on est touché par la sociabilité des habitants. Réussir à donner un aperçu de toute la complexité d'un pays tout en restant accessible, c'est un exploit dont on doit créditer le film.


"Nothingwood" est un beau témoignage, qui met son contenu à sa hauteur, fait preuve d'empathie, et crée de ce fait l'enthousiasme. Si vous pouvez, voyez-le, tant il est précieux de regarder ailleurs.

Larsen
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes 2017 en fête (films) et Les meilleurs films de 2017

Créée

le 29 juin 2017

Critique lue 515 fois

6 j'aime

2 commentaires

Larsen

Écrit par

Critique lue 515 fois

6
2

D'autres avis sur Nothingwood

Nothingwood
Procol-Harum
7

L'Afghanistan fait son cinéma

Reconnaissons-le, nous n'avons de certains pays lointains que la vision offerte par nos écrans de télévision. Cette vision, si elle n'est pas forcément fausse, ne peut être que parcellaire. Ainsi...

le 17 déc. 2022

6 j'aime

1

Nothingwood
Larsen
8

Bons au rien

Je commence à être familier du travail de Sonia Kronlund, en particulier à la radio, dans son émission "Les pieds sur Terre" diffusée sur France Culture. J'aime beaucoup son parti pris de reportages...

le 29 juin 2017

6 j'aime

2

Nothingwood
GuillaumeL666
7

Du cinéma fait maison à foison réalisé dans un contexte difficile

C'est assez rare que je me dise d'un film que seul son concept de base le tient sur ses épaules sans que ce soit un défaut.Ici, la documentariste Sonia Kronlund permet à rendre ça passionnant car...

le 12 avr. 2024

Du même critique

Monsieur & Madame Adelman
Larsen
3

Lourds truly

Je mentirais si je disais que je ne l'avais pas au moins un peu senti venir : la bande-annonce m'avait mis sur mes gardes, par son ton provoc' un peu forcé et son rythme effréné, mais enfin il se...

le 17 mars 2017

25 j'aime

5

Severance
Larsen
6

L'avaleur travail

La plus grande force et la plus grande faiblesse de Severance résident pour moi dans son intriguant concept : dans ce que j’appellerais un monde parallèle, mélange d'éléments futuristes et passés...

le 20 avr. 2022

14 j'aime

1

Kaamelott - Premier Volet
Larsen
6

L'indigeste arthurienne

L'un de mes registres de blagues préférés d'internet est celui qui consiste à se moquer des fans de Kaamelott, et plus particulièrement de leur impressionnante propension à caser des répliques de la...

le 8 août 2022

6 j'aime