Nostalgie de la Lumière est un film dont le propos est peu politique dans la filmographie de Patricio Guzman. S'il montre comme toujours le Chili, c'est pour s'intéresser à la question du rapport au passé, plus qu'aux évènements historiques eux-mêmes.

Guzman filme le désert d'Atacama, qui est le plus aride de la planète. Les conditions climatiques exceptionnelles en font le site parfait pour l'observation astronomique. On y trouve donc les plus grands télescopes du monde.
Mais c'est aussi ce désert terrible que la dictature a choisi pour faire disparaître les corps des opposants qu'elle a assassinés. Les femmes, mères, soeurs des disparus, avec de petites pelles, cherchent les ossements de leurs proches depuis plus de trente ans.
Le film est construit sur cette quête parallèle : les astronomes et astrophysiciens scrutent l'univers à la recherche de son passé, les femmes arpentent, creusent et grattent, à la recherche de la vérité, à la recherche de squelettes.

Le film est souvent trop bavard, et un peu long, plombé d'une voix off de commentaire très redondante. Mais on s'installe sans difficultés dans le rythme très lent, qui convient aux images du désert et du cosmos.

Nostalgie de la lumière explore un grand nombre de questionnements, en se gardant bien d'y apporter toutes les réponses. Il est du coup parfois ambigu, voire contradictoire. C'est ce qui le rend particulièrement intéressant. Parce qu'au delà de l'engagement de Guzman et de toute son oeuvre pour mettre au jour, faire connaître, dénoncer la dictature chilienne, ce film développe les problématiques à la fois intimes et universelles du rapport à la mémoire, et au passé.
D'un point de vue intime et individuel, comment survivre au meurtre de ses proches par la dictature, et à l'absence de reconnaissance par la société ? Et de façon universelle mais aussi politique, l'avenir ne peut exister que lorsque que le passé est assumé collectivement.
Nostalgie de la lumière est une contribution à cet impératif de survie, qui se nourrit non seulement de mémoire et de vérité, mais aussi de poésie et de rêve.
Fantaisie
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le 7 janv. 2011

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