"Au cœur des ténèbres" à la sauce comédie à l'italienne !!!
Sous l’œil sarcastique mais non dénué de chaleur du futur réalisateur de "Nous nous sommes tant aimés" et de "Affreux, sales et méchants", nous avons un "Au cœur des ténèbres" à la sauce comédie à l'italienne, donc l'atmosphère sombre de la nouvelle de Joseph Conrad n'est pas ici présente mais une charge critique, comédie à l'italienne oblige, si... On est dans l'Angola encore à l'époque sous colonisation portugaise donc l'occasion était trop belle pour ne pas faire une charge anticolonialiste qui a valu au film de ne sortir que dix ans plus tard dans notre beau et parfait pays qu'est la France...
Et cette charge se fait à travers plusieurs épisodes plus ou moins reluisants (plutôt moins que plus !!!) qui arrivent à nos deux protagonistes. Le premier, joué par le grand Alberto Sordi imbattable pour ce qui était de jouer les braves cons, plein de condescendance bienveillante, avec la panoplie "Tintin au Congo" et une bonne dose d'angélisme en prime, le second, joué par un autre grand Bernard Blier, le comptable du premier amené sur le continent africain bien malgré lui et qui est lui au contraire très pragmatique.
Le contrepoint entre ces deux personnalités différentes donne une profondeur supplémentaire indéniable à la critique, mais par contre on peut regretter qu'une évolution dans les relations entre ces deux personnages n'ait pas été incluse dans l'histoire. On n'oubliera pas un troisième personnage, joué par un autre grand Nino Manfredi acteur fétiche de Scola, qui apparaîtra bien plus tard dans le récit et qui lui a très bien su profiter des possibilités offertes par le continent. Etre humain d'accord mais tout en veillant à ne pas être trop con...
Autrement, c'est dommage que l'ensemble s'encombre de scènes inutiles à l'instar du safari ou de celle du rhinocéros, mais le film dans sa globalité est très dynamique et bénéficie, en plus de son trio de monstres sacrés, d'une belle photographie et d'une excellente BO d'Armando Trovajoli, vraiment toujours très inspiré quand il était chez Scola.
Pas un grand Scola, mais un bon Scola... donc "Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ?" (merveilleux titre à rallonge !!!) mérite incontestablement le détour.