Il y a des œuvres sur lesquelles on ne peut s’étaler car elles sont d’une trivialité qui en deviendrait presque gênante. Des films génériques et à la forte impression de déjà-vu qui seront oubliés aussi vite qu’ils ont été vus. Pas qu’ils soient foncièrement mauvais ou désagréables, d’ailleurs on s’en rappellerait peut-être davantage, mais juste anecdotiques et insignifiantes. « Au nord de la norme » fait malheureusement partie totalement de cette catégorie peu enviable. Pourtant, si le genre du coming-age-movie est très courant, trop peut-être et surtout au féminin, celui-ci promettait quelque chose de différent avec sa datation dans les années 80 et son côté nature et vie bohême. Malheureusement on ne ressent que très peu ces deux aspects : le film aurait pu se dérouler à notre époque ou dans les années 60 que cela aurait été pareil et l’aspect vie marginale dans les grands espaces est vraiment trop peu traité.


On voit donc une jeune mère et sa petite fille dans les années 70 qui suivent le grand-père pour vivre en marge dans la nature au sein des immenses étendues naturelles du Yukon, la province la plus sauvage du Canada, dont on n’aura quasiment pas l’occasion d’apprécier les sublimes paysages d’ailleurs. « Au nord de la norme » alternera les flashbacks de cette époque où on voit une petite fille ballottée par sa mère entre ses différents petits amis et cette vie marginale avec le présent où on assiste à son adolescence quelques années plus tard lorsqu’elle et sa mère décident de retourner vivre en ville en Ontario. La plupart des arcs narratifs ou sous-intrigues s’ouvrent pour ne pas se refermer et ces bouts de vie sur deux époques n'ont rien de transcendants ni de passionnants. Adapté du roman autobiographique de la jeune héroïne, le film ne lui rend pourtant pas honneur avec son côté déjà vu mille fois (et en mieux) ailleurs.


Heureusement Sarah Gadon dans un rôle caricatural de mère inconséquente et trop jeune, larguée par la vie et ses amants, est tout à fait crédible et donne un supplément d’âme à un personnage mal écrit pour le cinéma. La jeune Amanda Fix est quant à elle parfaite en adolescente que la vie a rendu très mature. Elles portent le film sur leurs frêles épaules. « Au nord de la norme » n’arrive pas non plus à émouvoir ni à nous emporter dans cette atmosphère, entre gris et rose, de la fin des années 80. Un film qui ne nous touche jamais alors qu’il devrait. Carly Rose signe de plus une mise en scène tout aussi commune que celle de ce type de film, et du cinéma indépendant américain en général. Ce qui ne fait que valider la banalité de ce petit film tout à fait dispensable.


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JorikVesperhaven
5

Créée

le 3 août 2023

Critique lue 365 fois

Rémy Fiers

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