La Malédiction de l'Enfumage

"The Curse : le film japonais qui fait tellement peur que personne n’arrive à le terminer ", voilà le titre d'un article sur lequel je suis tombé un peu par hasard au fil de mes pérégrinations sur la toile. Forcément c'est le genre de truc qui éveille ma curiosité et mon sens du défi pour ce film dont je n'avais absolument jamais entendu parlé. Le film est carrément vanté comme un monument de la J-Horror ce qui attenu un peu la première déception lorsque je découvre qu'il s'agit d'un énième found footage, genre auquel je suis devenu assez allergique au fil du temps. Sans avoir la prétention de tout connaître en matière de cinéma de genre je reste toutefois assez perplexe sur l'existence d'un film de 2005 soit disant monstrueux , jamais sorti même en DTV dont je n'ai jusqu'ici strictement jamais entendu parler. Un petit tour sur Sens Critique pour jauger des avis critiques très positifs et de la bonne note globale du film et je me jette tout guilleret à la découverte du film. Pour les amateurs le film est dispo sur Youtube en VOST et me voilà donc prêt à tenter le défi apriori impossible ; terminer Noroi : The Curse sans faire un infarctus . En bon guerrier je ferme les volets, je monte le son et je lance le film qui est effectivement tellement médiocre qu'il est difficile à terminer.

Noroi : The Curse c'est l'histoire du tout dernier reportage d'un journaliste spécialiste du paranormal qui nous livre le montage de sa toute dernière enquête avant de disparaître mystérieusement. Masafumi Kobayashi enquête sur plusieurs phénomènes paranormaux qui finissent par se rejoindre autour d'une malédiction d'un village noyé sous les eaux d'un barrage.

Lorsque le cinéma tente de se la jouer documentaire et vérité brut je ne lui demande généralement qu'une seule chose c'est d'être crédible. Même si le réalisateur Kôji Shiraishi brouille un peu les pistes entre found footage pur et dur et le cinéma en présentant un prétendu documentaire monté de manière définitive avec plans de coupe et musique je n'arrive tellement pas à croire cette forme bâtarde et maladroite qui finalement n'apporte strictement rien que je regrette que le sujet ne soit pas traité carrément dans un film classique. Franchement qui va pouvoir croire à ce personnage de médium caricatural comme c'est pas possible et totalement ridicule vivant entouré de papier aluminium en gesticulant dans tous les sens ? Qui peut croire un instant que que ce type de personnage soit un minimum crédible ? Je ne crois pas plus à cette enquête qui enchaîne bien trop vite les révélations et les indices pour nous conduire sur une énième repompe maladroite du Projet Blair Witch avec tout ce que la peur pouvait avoir de viscérale remplacée ici par l'opportunisme de la copie d'une contrefaçon asiatique de mauvaise facture. Bien sûr il faut saluer quelques bonnes volontés du réalisateur Kôji Shiraishi comme d'éviter l'utilisation de mécanique de jump scares pour tenter d'installer une ambiance angoissante plus trouble, mais moi le film me laisse complétement de marbre tant je n'y crois pas une seule seconde et que pire toute la mécanique grossière du scénario me saute au visage. Le film reste tout de même extrêmement lourd dans ses ficelles scénaristique et dans le déroulée de son intrigue sans aucun suspens qui se livre presque clef en main au bout de quinze minutes. Et puis le film ne fait JAMAIS peur et ne fait que recycler des recettes, des trucs et des images déjà vus mille fois ailleurs comme le plan fixe nocturne, la shaky cam dans les bois, l'analyse de spectre sonore par un type en blouse blanche , l'apparition étrange à l'arrière plan d'une image anodine ou la fameuse caméra qui tombe par terre avec l'angle et le cadre qui va bien..... Tant de clichés au service du vide voilà sans doute en quoi Noroi The Curse est le plus effrayant.

Ce n'est pas Noroi : The Curse qui va me réconcilier avec le found footage et je reste des plus perplexe face à l'enthousiasme des critiques qui vont jusqu'à lui mettre 10/10 (??) Personnellement j'ai quand même la sensation de bien m'être fait enfumer et d'avoir perdu deux bonnes heures de mon précieux temps de confiné.