Nocturne
5.5
Nocturne

Film de Zu Quirke (2020)

Voir le film

Nocturne vient ajouter une touche d’horreur indé à l’anthologie BlumHouse pour Amazon Prime. Un essai stylisé cependant étouffé par son esthétisme léché et pompeux.


Après les inaboutis La Black Box et Apparence Trompeuse, l’anthologie BlumHouse se poursuit avec pour même toile de fond une situation familiale compliquée, ici incarnée par l’affrontement entre deux sœurs jumelles sur fond de piano. Nocturne emprunte ici beaucoup au style d’horreur indépendant vu chez des cinéastes comme Robert Eggers et David Robert Mitchell pour un écrin très stylisé dont le récit se trouve étouffé derrière ses visuels et un style très pompeux pourtant superbement incarné par le duo Sydney Sweeney et Madison Iseman. Usant abondamment de sa photographie léchée et de ses superbes images pour une intrigue finalement très limitée, Nocturne paraît cependant comme l’opus le plus réussi de l’anthologie BlumHouse disponible sur Prime Video.


Diable dans les détails


Parce qu’après le poids d’un père veuf et amnésique dans La Black Box et le mensonge d’une adolescente qui finissait de détruire une famille éclatée dans dans Apparence Trompeuse, Nocturne suit le cheminement douloureux d’une jeune femme ayant tout sacrifié pour une carrière de pianiste, écrasée par le poids d’une sœur, plus libre, plus belle et plus douée, essayant ainsi de s’extraire de son ombre grâce au livre d’un pacte avec le diable qu’aurait accompli une jeune élève récemment suicidée. Et le film de Zu Quirke réussit d’abord parfaitement à nous dépeindre le quotidien étouffant d’une jeune femme écrasée par ses ambitions . De son mode de vie très rude et de ses aspirations écrasées, Nocturne restitue à merveille le duel froid entre ses deux sœurs que tout oppose.


Malheureusement, lorsque le diable rencontre la route de ce duel, Nocturne s’essouffle. En abordant un monde de la musique impitoyable et une réaffirmation grossière, le film de Zu Quirke s’égare derrière ses superbes visuels et peine à donner plus de chair à un récit qui s’étiole, ayant bien du mal à retomber sur ses pattes au travers de visions certes belles mais maladroites que la cinéaste ne sait plus maîtriser. Entre rêve et réalité et d’une présence suggérée qui se fait pourtant trop lourde, Nocturne s’égare un temps en loupant l’implosion de sa cellule familiale d’un film qui se retrouve cependant dans un final sec et réussi.


Parce qu’une fois débarrassé de son attraction vers le diable et de personnages plus encombrants que véritablement utiles, Nocturne peut enfin se consacrer à la quête jusqu’au boutiste de sa protagoniste. Parce que cette dernière à tout sacrifié à sa passion, le film la laisse enfin affronter seule son destin, dénué d’autre chose que de son personnage enfin livré à son obsession, laissant enfin respirer son récit pour nous conter de la plus sèche des manières son sacrifice personnel, ici dénué de visions et d’effets sonores assommants et répétitifs. Et l’on peut ainsi retrouver dans Nocturne les tares dont souffrait déjà La Black Box, qui derrière son drame familial modeste et réussi, s’encombrait inutilement d’un grotesque récit de SF pour remplir la case soi-disant horrifique de son producteur.


Parce que le film n’est jamais aussi réussi que lorsqu’il nous conte le douloureux sacrifice de sa protagoniste pour enfin s’affirmer et arriver à ses fins, l’on se demande ainsi pourquoi Nocturne se doit de passer par autant d’effets de styles aussi pompeux que répétitifs pour arriver à ses fins. Peut-être parce que le diable n’était finalement que dans les détails, pourquoi alors lui avoir confié une partition rien qu’à lui ?


Critique à retrouver (avec bien d'autres) sur cinefocus.fr

QuentinBombarde
6
Écrit par

Créée

le 16 nov. 2020

Critique lue 924 fois

1 j'aime

QuentinBombarde

Écrit par

Critique lue 924 fois

1

D'autres avis sur Nocturne

Nocturne
LucasCR
6

Devil's in the room

Conclusion des critiques sur le catalogue de films Blumhouse/Amazon avec Nocturne, qui est le tout premier long-métrage de la réalisatrice Zu Quirke. Le film raconte l’histoire de sœurs jumelles...

le 31 oct. 2020

2 j'aime

Nocturne
JorikVesperhaven
5

Une production de série peu rigoureuse et interchangeable, sans véritable identité, qui s'oubliera v

Ce minuscule film de genre produit par Blumhouse est totalement symptomatique du peu de prétention artistique et de rigueur commun à bon nombre de productions fantastiques actuelles. Et encore plus...

le 3 mai 2022

1 j'aime

Nocturne
Fatpooper
7

Tripote-moi le piano

J'ai vraiment failli ne pas le voir ce film-là ; je m'attendais à un de ces films d'horreur artie manquant autant de substance que de générosité gore. Je me suis décidé à cause de...

le 25 déc. 2020

1 j'aime

Du même critique

Jusqu'à l'aube
QuentinBombarde
3

Jusqu'à la loose

Jusqu'à l'aube aurait pu être un concept plutôt sympathique. Des épisodes de 20 minutes dans lesquels un trio d'humoristes est lâché une nuit jusqu'aux premières lueurs du jour dans un lieu soi...

le 11 janv. 2020

25 j'aime

3

Hippocrate
QuentinBombarde
7

Urgence de l'instant

Après avoir sur plusieurs longs métrages traité le thème médical dans toutes ses largeurs, l'ex médecin généraliste Thomas Lilti enfonce le clou (ou la seringue) avec la série Hippocrate qui suit...

le 28 nov. 2018

22 j'aime

1

Énorme
QuentinBombarde
7

La Femme en Sainte

Énorme c'est également la place qu'occupe Jonathan Cohen en cette rentrée particulière. Présent cet été dans Terrible Jungle, et à l'affiche d'une série Netflix et Canal +, l'acteur est omniprésent,...

le 4 sept. 2020

18 j'aime

1