Supers idées mais tristement désincarné

J'ai adoré tellement de choses dans ce film, l'idée centrale, l'enchainement à l'inexorabilité digne des grandes tragédies des évènements (pour autant à la thématique extrêmement moderne bien qu'ancrée farouchement dans le passé), sa galerie de personnages, ses décors et visuels somptueux, ...

Mais à côté de ça j'ai trouvé un aspect très théorique dans l'écriture, avec des personnages qui semblent toujours assez distants vis à vis des actions et sentiments sensés les emporter, et au final un manque cruel d'émotion et de tension là où tous les ingrédients semblaient présents pour une réussite grandiose. Même la réalisation, bénéficiant pourtant de décors, d'éclairages, de visuels extrêmement puissants, s'avère très plate et bien peu inspirée (étonnant pour le coup venant de Del Toro).

Cette réussite en demi-teinte marque finalement peut-être les limites habituelles du réalisateur, ayant été bien désolé devant le constat d'un même manque de vibration et d'émotion dans La forme de l'eau, pourtant somptueux visuellement (et avec une réal bien plus inspirée pour le coup ... mais tournant autour d'une intrigue et d'idées autrement plus platounettes). J'avais pourtant adoré Le labyrinthe de Pan ... mais déjà j'y avais ressenti un petit manque de vie pour que tout y soit parfait ; mais ça fonctionnait quand même très bien pour moi, grâce peut-être au jeu fièvreux de Sergi Lopez. Mais finalement peut-être une réussite "accidentelle", la norme chez Del Toro semblant plutôt tourner vers une écriture désincarnée qui peine à porter l'émotion à laquelle cherche à mener les enjeux dramatiques exposés.

(Bizarrement je le trouve finalement plus "accompli" dans ses réalisations de série B comme ses deux Hellboy et son Pacific Rim qui, considérés dans leur genre plus "mineur", s'avèrent de plus grandes réussites à mon sens.)

((Reste à voir son Pinocchio, forcément tentant ... :P))