Quatre ans après son premier long-métrage, Les Hommes ne pensent qu’à ça, Yves Robert poursuit ses débuts d’une fructueuse carrière en retrouvant Louis de Funès à qui il offre un premier rôle magistral quelques années avant le véritable lancement de sa carrière…

En choisissant d’adapter Alphonse Allais et son roman L’Affaire Blaireau, Yves Robert peut se laisser à loisir baigner dans la douceur de vivre provinciale avec la vie de Montpaillard, petite sous-préfécture auto-proclamée « ville la plus calme de France » que les méfaits persistants du braconnier local menacent dans sa tranquillité.

Enfin, ça c’est ce qu’en dit le conseil municipal et le pauvre garde-chasse, le bon, gras et moustachu Parju qui sert de souffre-douleur a ce monstre de Blaireau à l’habileté toute diabolique, aidé en cela par la pie Lucienne, le chien Fout-le-camp et la quasi-intégralité des habitants dont il est finalement le dernier recours lorsque la pêche et la chasse sont fermés.

C’est joli comme tout ce pays-là, dites-donc, il y a le plus beau canal du monde pour les concours de pêche à la ligne, des viticulteurs à foison, une forêt giboyeuse, des cours d’eau poissonneux et l’ensemble est absolument délicieux… faut dire que prendre Semur-en Auxois comme modèle, tout de suite, ça aide…

Petite ville ravissante donc, presque un gros village où tout le monde se connait et où tout le monde s’amuse de ce brigand du cru qui tourne en ridicule les forces de l’ordre et l’autorité des institutions. Il y a même la plus jolie prison de l’histoire du cinéma, avec Pierre Mondy en directeur débonnaire, même qu’à un moment les prisonniers vont au cinéma, faut dire qu’il y a Arsène Lupin qui passe, ça ne se rate pas, Yves Robert ignore alors probablement (ou pas d’ailleurs) que son prochain film sera justement les suites de cette aventure, qui sortiront l’année suivante.

En attendant, le spectateur se délecte comme chez Guignol, Louis de Funès compose un de ses meilleurs rôles, très proche du mime, bafouillant son texte à la limite de l’animalité, la grimace d’une rare justesse, le sadisme communicatif et la bonne humeur du même tonneau.

En même temps que ce film se tourne avec Fernandel et Toto une comédie très proche, par Christian-Jacque, La loi c’est la loi, qui sortira quelques mois plus tard, le contrebandier et le douanier remplaçant le garde-chasse et le braconnier avec un bonheur égal et le toujours jubilatoire sens de l’absurdité réglementaire de notre beau pays.

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le 10 mai 2013

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Torpenn

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