Plus la patience est grande et plus belle est la vengeance, comme on dit si bien la vengeance est un plat qui se mange froid.



Le réalisateur Henry Hathaway présente un western dramatiquement puissant dans la droite lignée des films de vengeance s'élevant néanmoins au-dessus de la moyenne du genre en étant plus nuancé, amenant un peu plus de substance et de caractère au récit.


Max Sand un adolescent crédule et ingénu mi-indien, mi-blanc incarné par Steve McQueen se retrouve confronté à la dure loi de la réalité par l'assassinat très brutal de ses parents par trois bandits. Malgré son innocence et son inexpérience, celui-ci va les poursuivre dans une longue et éprouvante chasse à l'homme avec pour seule motivation le plaisir de se venger. Un parcours initiatique douloureux, confrontant l'humanité du jeune homme à la violente haine qui le ronge, jusqu'à consumer sa propre existence.


Chaque partie du parcours de Max Sand présente solidement le héros dans sa quête vengeresse. Le récit est intelligemment structuré en quatre chapitres bien distincts, proposant des arcs narratifs pouvant être intitulés séparément.
- Chapitre 1 : "La fin de l'innocence".
- Chapitre 2 : "Faire ses premières armes".
- Chapitre 3 : "La haine m'emportera"(mon préféré).
- Chapitre 4 : "Désillusion".


Chacun des chapitres transpose Sand Max dans des lieux hétérogènes aux décors superbement travaillés. L'allusion dramatique évolue continuellement dans ses propos qu'il soit sur la classe sociale, la race, le sexe, la vie, la haine et le pardon. Ces éléments se combinent brillamment pour nous servir un divertissement honnête, présentant plan par plan l'évolution d'un adolescent qui deviendra un homme par le sang.


Toute la partie située dans la prison de Louisiane avec ses marécages dégoûtants et sinistres ainsi que les nombreux esclaves est géniale. Un chapitre maîtrisé de bout en bout démontrant toute la détermination de Max Sand. À un moment donné j'avais oublié que j'étais dans un western.


Nevada Smith propose des séquences d'actions mémorables. Restant toujours dans un certain réalisme, n'en faisant jamais des tonnes, laissant tout de même les pistolets s'exprimer ainsi que le froid des lames. Infiltration, évasion, plan élaboré, on en a pour notre argent.


La scène finale où Max Sand se retrouve face à Tom Fitch (Malden Karl) dernier des trois est atmosphériquement forte. Max se libère de sa colère sur lui en tirant balle sur balle sans le tuer. Une séquence dramatiquement ingénieuse. La tension est palpable, on ne cesse de se demander si Sand va le tuer dans un sang-froid absolu à la Clint Eastwood, se moquant des conseils du Père Zaccardi, ou bien, jouer les John Wayne et laisser la haine derrière lui, accordant le pardon.


La partition musicale d'Alfred Newman est vraiment bonne, dans un thème assez classique qui réussit à faire ses preuves tout au long du long-métrage.


Toute la distribution fait un travail monstrueux. Steve McQueen alias Max Sand alias Nevada Smith, incarne avec beaucoup de talent le personnage. Il réussit dans un premier temps à le rendre un peu simplet, troublé et confus, pour en faire un homme mature et adroit. D'un simple paysan pauvre, inculte et illettré n'ayant jamais tué autre chose que du gibier, il apprend vite grâce à la flamme vengeresse à distribuer la mort.


Brian Keith dans le rôle de Jonas Cord le vendeur d'armes, servant (heureusement) de professeur à un Max Sand sans défense, incarne un personnage très sympathique jouant durant le premier chapitre de catalyseur. Il est évident que Max serait depuis très longtemps mort sans sa formation. Un père de substitution qui a été complètement délaissé pour le dernier chapitre, seule chose que je regrette du film.


Karl Malden (Tom Fitch), Martin Landau (Jessie Coe) et l'excellent Arthur Kennedy (Bill Bowdre) les antagonistes de l'histoire sont géniaux. Ayant perpétré des crimes ignobles, amenant le chaos partout où ils passent, ils se retrouvent confrontés à la fureur de Max. Ce que j'aime avec ces personnages, c'est la conduite prise par le cinéaste d'en faire comme pour un jeu vidéo, des boss de fin de niveau, ici représenté par les chapitres.


Max rencontre trois femmes durant son périple dont il se moque un peu allant jusqu'à se refuser à elles car rien ne doit entraver sa vengeance. Suzanne Pleshette sous les traits de Pilar une esclave de plantation, est la seule femme à qui Max et le cinéaste daignent accorder de l'importance. J'aime beaucoup son rôle qui dans le troisième chapitre apporte une grosse dose dramatique faisant clairement comprendre à Max que lui aussi est un pourri devenant précisément le reflet de ceux qu'il poursuit.


CONCLUSION :


Nevada Smith est un western surprenant présentant une jeunesse traumatique par un Steve McQueen au top, appuyé par une distribution de talent. Le réalisateur Henry Hathaway nous plonge dans l'amertume, nous confrontant à un monde brutal où sortir de sa propre condition est un long parcours affligeant.


L'hostilité du monde contre un justicier hors-la-loi.

B_Jérémy
9
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le 6 oct. 2019

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