Garde Tes Chaussettes T'as Les pieds froids

Bon je crois que je n'arriverais jamais à pleinement apprécier ce Nekromantik et ce n'est pas faute d'avoir essayé à plusieurs reprises. C'est peut être la troisième fois que je regarde le film de Jörg Buttgereit que j'avais déjà acheter en VHS à l'époque en découpant le bon de commande dans un vieux Mad Movies, excité par l'interdit et la découverte d'un film sulfureux. A Part quelques scènes chocs le film ne m'avait pas laissé un grand souvenir et je l'avais donc revu plus tard pour sensiblement le même résultat. J'ai cette fois ci profité de la ressortie des deux films chez ESC (C'est pas le diminutif d'escroc ça (??)) et surtout de leurs diffusions sur le site Shadowz pour retenter l'expérience avec l'obstination de celui qui pense qu'il va vraiment finir par aimer ce qui visiblement n'imprime pas son cœur et son esprit. Et bien, toujours pas …

Nekromantik c'est l'histoire de Robert qui épanche ses désirs morbides en travaillant comme ramasseur de cadavres pour une entreprise de nettoyage. Outre les morceaux de corps qu'il ramasse pour les exposer chez lui dans des jolis bocaux, Robert va aussi voler un corps qu'il va offrir à sa petite amie pour l'une des plus étrange et glauque histoire de triolisme de l'histoire du cinéma.

Nekromantik n'est évidemment pas un film dénué de qualités surtout si on le remet dans le contexte de son tournage semi amateur entre potes mobilisés le temps des week-end avec l'envie très punk de bousculer censure, tabous et interdits. Ne serait ce que pour la qualité de ses effets spéciaux et maquillages magnifiquement bricolés le film de Jörg Buttgereit mérite un petit coup d’œil. Et puis bien sûr en se frottant de manière poisseuse au sujet tabou et délicat de la nécrophilie, le film reste quoi que l'on puisse penser de ses autres qualités une œuvre qui marque durablement les esprits ne serait ce que pour quelques séquences chocs. La longue séquence du plan à trois avec ce cadavre pourrissant et poisseux filmé avec la langueur d'un érotisme trouble et d'une étreinte romantique, le tout accompagné d'une entêtante petite mélodie au piano reste le point d'orgue du film. C'est à la fois dégueulasse, trouble et sensuel dans un curieux mélange de fascination et de répulsion que Jörg Buttgereit renforce en faisant durer la scène un peu plus que de raison. L'occasion en tout cas d'avoir enfin l'illustration des expressions « va te faire téter les yeux » et «Homme pourri à moitié dans ton lit » . L'ambiance assez glauque et poisseuse du film est plutôt bien rendu à l'écran et le couple au centre du récit interprété par Bernd Daktari Lorenz et Béatrice Manowski est globalement très convaincant ce qui est notable vu que la direction d'acteurs est loin d'être habituellement la qualité première de ce type de petites productions entre potes. Presque 35 ans après sa sortie Nekromantik demeure un film sulfureux et dérangeant capable de révulser et mettre à mal une large majorité de cinéphiles. Malheureusement en dehors de quelques séquences chocs, il ne reste plus grand chose que vide et remplissage...

Nekromantik aurait sans doute fait un excellent court métrage car comme le reconnaît lui même son réalisateur de nombreuses séquences ne servent qu'on gonfler artificiellement la durée du film et au bout du compte à gonfler aussi quelques spectateurs comme moi. Entre les longues séquences complètement inutiles comme lorsque Robert va au cinéma, les scènes d'un amateurisme assez ridicule comme l'épisode du type qui butte accidentellement son voisin en train de cueillir des pommes, les digressions de remplissage comme lorsque Robert court en faisant le fou fou dans la nature … On se retrouve tout de même avec 75 minutes dont une bonne partie sont au mieux futiles, au pire complètement inutiles. Quant au final du film il sombre dans une sorte de surenchère de provocation un peu grotesque et facile qui personnellement me fait bien plus sourire qu'il ne provoque tout autre sentiment de malaise.

Au final Nekromantik me laisse froid comme la mort dans une sorte d'indifférence polie. Ni choqué, ni fasciné le film ne me bouscule pas plus qu'il ne me fait passer un bon moment … On va maintenant retenter l'expérience Nekromantik 2 dont j'ai encore moins de souvenirs que le premier et dont la durée poussée à 105 minutes me freine déjà un peu.