[ Initialement je ne pense pas que ce film en soi mérite une critique et ma diatribe est délibérément subjective et ça tombe bien ; ce film est bien ultra-politique sous ses airs de petite comédie pépère et c'est bien le problème ]


Passées les niaiseries du type : "c'est une comédie, on respire un peu et on rigole sur des faits graves !" et le fameux "le message du film c'est la paix dans le monde et des barres de rires !", je rentre dans le sujet qui fâche :


En réalité là où ce film est intéressant c'est dans la compréhension des mécanismes de propagande qui commencent à rouiller au petit cinéma. et en l'occurrence, je vous la fais courte ; il s'agit de faire passer un message clair : " Dans un conflit qui oppose deux voisins, c'est nous les petites victimes, on souffre beaucoup mais on en rigole car on est du bon côté, les autres sont des monstres profiteurs sans foi ni loi (qui au passage se permettent de vivre sur leur propre terre !) et qui ne méritent à aucun moment du film la sympathie du spectateur ou même son attention.


Evidemment, dit comme ça c'est gros, et le message ne passe pas. Et c'est bien pour ça que la comédie vient aider. Avec un peu d'auto-dérision, de bonnes blagues (sous fond de victimisation systématique) qui amusent le public pas forcément averti, ça passe beaucoup mieux.


La dualité pénible se lit rapidement : déshumaniser l'autre : le palestinien qui rime systématiquement avec arme d'assaut, qui est la source identifiée de problèmes. Il devient de facto une masse informe, floue, sans aucun moyen pour le spectateur de le situer dans un contexte neutre. De l'autre côté c'est open-bar la personnalité est très vite sympathique et attendrissante, humaine comme nous, bref..


C'est bien à cela qu'on reconnaît une propagande, elle ne s'adresse pas à l'intelligence du public, mais plutôt à ses pulsions/émotions tellement humaines et universelles chez nous tous.


Si l'on cherche des comédies sur le thème du conflit israélo-palestinien qui ne font pas dans la propagande, drôles et qui respectent le public, il en existe beaucoup, pour ne citer que les récents : il y a le plutôt bon "Tel Aviv On Fire" de Sameh Zoabi.


Fin de la diatribe à rallonge !

karibenk
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le 1 août 2020

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karibenk

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