Pourtant apprécié par les critiques, acclamé au dernier Festival de Sundance, signé Netflix... Mudbound de la réalisatrice Dee Rees reste sur une ligne de façade pour pointer la ségrégation raciale dans un Mississipi rural des années 40.
Mudbound s’embourbe dans un genre romance, une recherche esthétique et une mise en valeur de personnages essayant de pointer ce racisme ordinaire, cette normalité de gens biens, toujours au-dessus de ses semblables...La haine de l’autre, comme rempart à sa propre image.
Des situations se rejoignant, la place des minorités et des femmes et la difficulté de s’affranchir du poids de l’homme, les traumatismes de la guerre. Le rôle des femmes pourtant mis en avant se révèle assez cliché dans leur comportement et bien maladroit.
La famille Mac Allan fraîchement débarquée sur « ses terres » s’essaiera à la dure vie de labeur d’agriculteurs et viendra heurter de ses manières, les exploitants Jackson qui de génération en génération, essaient de construire leur rêve.
Le film suit leur destin. Malgré les différences deux fils de retour de la guerre, se rapprocheront et feront éclater la haine contenue des habitants.
Carey Mulligan, petite chose fragile dans un monde de brute n’aura de cesse d’en appeler à tous pour se sortir de sa vie malheureuse. Cette jeune femme par ailleurs, égoïste, n’apporte de fait aucune empathie. Garrett Hedlund, beau garçon, rebelle mais faible, ne reste qu’en surface pour traiter du poids d’un patriarche haineux, insupportable Jonathan Banks, partisan du KKK. Et Jason Blake en homme abusif image de la main mise tant sur la famille que sur ses exploitants, tous, ne font qu’appuyer une intrigue poussive.
Une voix off cachant le manque d’enjeu et de profondeur de la narration, une mise en scène plate où le manque de tension vient s’ajouter à des saynetes survolées. Finalement l’histoire est plutôt celle d’une amitié déjà perdue, qui interviendra pourtant assez tard, après une première partie qui laissait présager de réflexions, et où ces deux personnages, peu constructifs, ne seront qu’accessoires dans leurs traumatismes ou leur liens.
Malgré quelques scènes plus violentes tant verbales que physiques, traiter d'un thème toujours fort par le biais d’une époque peu connue renvoyant encore à l’histoire des USA, ne suffit plus.
Les points positifs pour ce travail cinématographique restent une certaine beauté des plans et une photographie réussie qui sait mêler la luminosité à la froideur, les couleurs champêtres à la boue, métaphore de toutes ces vies.
On remarque aussi Rob Morgan et Mary J.Blige qui se fondent complètement dans cette ambiance délétère et leurs jeux sobres et fins permettent une moins grande déception.
Peut-être serait il judicieux de regarder son premier film Pariah, afin de retrouver une ligne directrice malgré le fait que Mudbound soit l’adaptation d’un roman de Hillary Jordan, paru en 2009.