Mud - Sur les rives du Mississippi par Olivier Paturaud

Mud sort aujourd'hui dans les salles un après sa projection au festival de Cannes. Le film était reparti bredouille, peut être plombé par une sélection américaine pléthorique et très moyenne. Le jury lui avait préféré Amour de Michael Haneke.
Pourtant, il y a plus d'amour pour le cinéma et de respect pour le spectateur et ses personnages dans le film de Nichols que dans l'installation mortifère et exhibitionniste de l’inénarrable autrichien qui portait si mal son nom.

Le film de Nichols se réapproprie les mythes de la civilisation américaine (Mark Twain et Tom Sawyer, le paysage comme sacré et berceau de cette mythologie) pour construire un récit universel. Les adolescents du film, en faisant la découverte du fugitif incarné par Matthew MacConaughey quittent définitivement l'enfance et font l'apprentissage des premières déchirures. Ils sont confrontés au fil du récit à la perte de l'amour sous toutes ses formes (de ses parents, de son 1er amour) mais toujours accompagnés par un regard d'une grande empathie du réalisateur. Porté aussi par une musique et une photographie superbes (le film est constamment filmé à la fin du jour dans des teintes automnales très lumineuses), et même si le film paraît parfois trop écrit, Mud témoigne de la très grande vitalité du cinéma américain contemporain et vaut bien toutes les palmes autrichiennes.