Au sein du large monde qu’est la culture populaire, Sherlock Holmes occupe une place de choix. Narré dans des nouvelles comme Les cinq pépins d’orange ou le ruban moucheté ou encore dans le roman Le chien des Baskerville, l’intelligence du détective londonien impressionne toujours autant les lecteurs de génération en génération. On peut également ajouter des éléments comme sa pipe ou son deerstalker et son insistance envers les faits et la logique qui ont bien fait de lui un personnage mythique fascinant.


On peut se demander en quoi cette adaptation (elle-même adaptée d’un livre signé Mitch Cullin) peut renouveler notre regard sur Sherlock Holmes. Et bien, nous assistons à un épisode inédit crépusculaire de Holmes, alors nonagénaire. Il est plus que jamais seul, loin de tout. Plus de Watson et donc plus l’occasion de se cacher. Plus de Watson mais un nouveau confrère, Roger, un petit garçon d’une dizaine d’années avec qui une complicité se tisse progressivement. Ces deux personnages se retrouvent enrichis par l’autre et ensemble vont découvrir une passion dans le domaine de l’apiculture. Un crime, à l'échelle microscopique, a alors lieu, l'occasion pour Holmes de ré-enfiler sa casquette d'enquêteur. Simultanément, il retranscrit par écrit son ultime enquête datant de quelques années dont il essaie de se souvenir à un âge dégénératif.


Derrière sa mise en scène classique, Mr. Holmes aborde avec un rythme tranquille à l’image de la maison de campagne lieu principal de l’action - qui peut en dérouter plus d’un - la lutte d’un vieil homme face à un oubli progressif de ses souvenirs. D'un lyrisme lent, la sénilité apparaît comme le dernier ennemi du détective qui fait tout pour se rappeler de deux affaires l’envoyant à Londres et au Japon quelques années plus tôt. Ces deux affaires sont les seuls obstacles à Holmes pour atteindre une plénitude avant de mourir. Mais le présent et le jeune Roger retiennent encore le célèbre détective pour qu’il use de ses talents contre la mort inexpliquée de quelques abeilles. Cet ultime épisode permet à Holmes, réputé pour sa froideur à l’encontre des cas qu'il a étudié par le passé, de se racheter une humanité et de mettre en priorité les sentiments plutôt que l’exactitude des faits.


Un drame de la campagne anglaise au rythme lent avec un Ian McKellen en forme qui contribue à cet Holmes inédit vieillissant. Un film qui prend son temps et qui le différencie ainsi de ce qui n'aurait pu être qu'un téléfilm lambda. Chercher ses mots devient un combat dans la quête de l’inestimable mémoire.

Irénée_B__Markovic
6

Créée

le 22 mai 2016

Critique lue 211 fois

Ikarovic

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