Une approche peu commune de l'origin story super-héroïque. Mortal nous embarque dans la fuite d'Eric, americano-norvégien remplissant à la fois les fonctions de micro-onde et de défibrillateur. Ayant accidentellement grillé une ferme et ses habitants puis un jeune millenial incapable de le laisser tracer son chemin sans lui chercher des ennuis, il devient sans tarder la cible des autorités, d'une mystérieuse équipe d'agents secrets/scientifiques/conspiration et d'un parent vengeur.


À la fois film de cavale, road-movie et drame fantastique Mortal demeure Antispectaculaire pendant plus de sa moitié. Beaucoup d'efforts ont été apportés pour se démarquer des formules d'usine disney. C'est malheureusement à double tranchant car en diluant au maximum le potentiel d'émerveillement qui pourrait se dégager de l'intrigue, Mortal donne une certaine place à l'ennui. À cause de ce "handicap", on peine douloureusement à maintenir sa concentration sur ce qui se raconte. De nombreux choix scénaristiques sonnent forcés comme cette romance qui n'avait rien de nécessaire, de même qu'une scène de mort qui aurait mérité une bien meilleure introduction.


D'un autre côté, les idées intéressantes ne manquent pas: le film revisite partiellement la mythologie nordique d'une part et la vision du faiseur de miracles christique en incrustant l'une et l'autre dans le contexte moderne. Visuellement ça se traduit par quelques plans plutôt expressifs (la foule rassemblée devant l'hôpital, le pont), qui demeurent pourtant trop rares. Alors on l'a compris, Mortal prend le contrepied des aventures de surhommes formatées à gros CGI en misant sur le minimum pour essayer de raconter une quête d'identité. Il est juste dommage que le récit perde aussi facilement son spectateur. Le pire étant qu'au moment où ça semble enfin commencer à décoller, tout se termine. Je salue néanmoins le choix de conclure à la fois en frustrant légèrement, et en délaissant toute ambiguïté quant aux chances d'une issue moins amère.


L'oeuvre tacle aussi gentiment les productions ricaines en insérant à la fois des antagonistes venus de chez l'oncle Sam, face à des scandinaves ayant "la foi" et un heros entre les deux, puisqu'il est à la fois norvégien et américain mais ne parle que l'anglais, pour aller mieux découvrir où sont ses véritables racines. Mortal aurait parfaitement pu être un X-Men Origins: -inserez le nom d'un heros lambda- tant son personnage principal est paumé face à ses pouvoirs et au monde qui l'entoure et ne le comprends pas. L'exécution est imparfaite, mais le concept merite notre temps.

JoroAndrianasol
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le 27 oct. 2020

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