Les aventures de James Bond : On a marché sur la lune



  • James.

  • Cette fois, il va falloir penser au retour.

  • Emmenez-moi encore au 7e ciel, James.

  • Pourquoi pas.




Vous m’en excuserez, messieurs, mais n’étant pas anglais, je trouve parfois que votre sens de l’humour est assez difficile à saisir



Comment, mais comment le cinéaste Lewis Gilbert, à qui l'on doit la réalisation de l'excellent dixième opus de la série James Bond : "L'espion qui m'aimait", peut avec cette onzième aventure se vautrer à ce point ?! Le réalisateur n'en n'est pourtant plus à son coup d'essai puisqu'on lui doit également le cinquième film de la saga avec "On ne vit que deux fois". N'ayons pas peur des mots, "Moonraker" est une parodie de luxe. Un intrus absurde de la saga Bondienne. Une insulte à l'œuvre de Ian Fleming. Vous me trouvez sévère ? Très bien voyons cela.
Pour cette nouvelle mission, le réalisateur recycle intégralement le scénario de L'espion qui m'aimait, en mettant en place une nouvelle menace mondiale à l'échelle d'une éradication totale de l'espèce humaine. Un projet terrible perpétré par le désir abracadabrantesque d'un riche mégalomane qui rêve de créer sa propre communauté qu'il veut remplacer par la population mondiale. Ça ne vous rappelle rien ? À la différence qu'ici il ne s'agit nullement de créer une arche de Noé sous-marine, mais une arche de Noé de l'espace. Pour ce faire, au lieu d'enlever un sous-marin nucléaire en pleine mer, le méchant subtilise en plein vol une navette spatiale américaine : « Moonraker ». Pour l'emmener dans le repaire machiavélique qui cette fois-ci n'est pas une base sous-marine (l'Atlantide), mais une base spatiale, indétectable depuis la Terre. Un périple qui va demander une nouvelle fois un coup de main de la part de l'armée pour une bataille finale où le sort du monde va se jouer sur la destruction de missiles nucléaires qu'il faut interceptés avant qu'ils ne s'écrasent. Tout est là ! L'espion qui m'aimait 2.0 ! Une version détournée dans une forme puérile et idiote où les bouffonneries s'enchaînent les unes après les autres. L'adaptation parodique de L'espion qui m'aimait. Mais en voilà une riche idée !


Afin d'avoir une analyse complète de ce film je ne vais pas éluder les quelques points positifs que l'on va retrouver à travers les différents lieux exotiques visités avec :
- Venise et ses gondoles,
- Rio et son magnifique carnaval,
- ou encore la savane brésilienne, dont on perçoit les superbes chutes d'eau.
Le rythme est parfaitement géré. Le film avance vite et propose ''quelques'' bonnes péripéties comprenant un manège de l'extrême pour 007 qui se retrouve prisonnier d'une centrifugeuse d'entraînement pour cosmonautes. On s'amuse de la poursuite en hors-bord à travers les canaux de Venise qui se termine sur la transformation étonnante du véhicule en aéroglisseur. Le meilleur étant situé sur une autre course-poursuite sur les flots de l'Amazonie. Une confrontation particulièrement explosive et animée. Survient un duel mouvementé dans un musée du verre entre Bond et Chang, un assassin armé d'un katana d'entraînement connu sous l’appellation de bokuto, attend quoi?! L'assassin utilise un sabre de bois qui est un substitut du katana et qui permet aux apprentis de s’entraîner tout en limitant les risques de blessures. Du coup, pourquoi avoir choisi cette arme ? Un vrai katana n'aurait-il pas était plus judicieux ? Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. Logique !



J'aurais au moins la satisfaction de ne pas vous voir assister à ma propre déchéance.



Ce qui rend "Moonraker" particulièrement insupportable, c'est à quel point il prend tout par-dessus la jambe en dédramatisant systématiquement tout par un second degré détestable. Si bien que les personnages sont devenus cartoonesques avec un Requin (Richard Kiel) qui ne meurt jamais. Il tombe d'un avion sans parachute, depuis un téléphérique, et même d'une chute d'eau et à chaque fois ils sen tire à travers une séquence comique. Un runing gag. Le pire survient lors d'une séquence affligeante lorsque le géant aux dents de fer rencontre une petite blonde avec des couettes qui va lui sourire et "BOUM!" c'est le coup de foudre. Ils se prennent par la main et partent en sautillant tels des enfants amoureux heureux. Je sais que dis comme ça on a l'impression qu'il s'agit d'une mauvaise foi de ma part, mais non, non, c'est bien comme ça que ça se passe. Le pire c'est que le cinéaste va remuer le couteau dans la plaie en remettant ce duo plus d'une fois en avant dans une mouvance amoureuse insouciante similaire pour enfants de trois ans. Voilà où on en est arrivé ! C'est atroce ! Mais que s'est-il passé ? À quel moment est-ce qu'on peut défendre ça ? C'est impossible ! Un peu de respect pour la franchise s'il vous plaît. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, voilà que survient le final le plus pété de l'histoire Bondienne. Une bataille spatiale synthétisée à travers une fusillade aux pistolets laser, entamée par deux armées flottantes dans l'espace. Une séquence ridicule qui atteint la ringardise absolue, pour une vaine tentative de surfer sur le succès de l'époque "Star Wars". Mon Dieu, quel spectacle affligeant. Des séquences embarrassantes qui m'ont fait honte. Soyons honnête, à ce niveau-là on peut affirmer que le cinéaste en avait rien à foutre.


Côté réalisation le résultat est là, rien de franchement mémorable mais on profite d'une bonne direction artistique signée Max Douy et Charles Bishop. Une technicité servie d'une bonne photographie de Jean Tournier, sur des décors non négligeables de Ken Adam, qui manque un peu de personnalité autour du repère maléfique, mais dans l'ensemble c'est satisfaisant. Les effets spéciaux de John Evans ainsi que les costumes de Jacques Fonteray sont d'une scène à l'autre bancales. La composition musicale de John Barry fait encore son effet. Petit regret autour de la chanson d'introduction interprétée par Shirley Bassey qui nous a habitués à mieux. Même le générique animé manque de consistance et d'imagination à l'image de tout le reste. Niveau distribution, c'est une quatrième incarnation pour le comédien Roger Moore dans le rôle de l'agent 007. Une proposition ni mauvaise ni bonne. Le comédien se contente de réciter son texte. L'agent britannique trouve sa verve à travers les nombreux gadgets offerts par ce cher "Q". Lois Chiles, en tant que Holly Goodhead manque de consistance. La comédienne n'est pas mauvaise seulement son rôle est bien trop vide. On profite tout de même de sa personnalité en tant que femme expérimentée qui ne se conduit à aucun moment comme une pimbêche. Michael Lonsdale en tant que Hugo Drax, le méchant principal, est invisible. Le personnage manque de charisme. Il ne profite même pas d'un dialogue réjouissant. Une mauvaise caricature de Curd Jürgens dans le rôle de Karl Stromberg. Corrine Clery pour Corinne Dufour apporte la seule part dramatique valable du film lorsque la pauvre belle se fait dévorer par les chiens de Drax. Manuella par Emily Bolton est rafraîchissante. On retrouve l'équipe de base du MI6 constituant le cercle intime de 007, sachant que Bernard Lee fait sa dernière apparition en tant que "M". Adieu patron. Vient enfin Richard Kiel en tant que Requin qui est venu fracasser l'univers Bondien avec son physique hors norme dans "L'espion qui m'aimait". Un colosse effrayant sacrifié au nom de la comédie pour devenir un personnage comique idiot. Un véritable affront pour celui-ci !



CONCLUSION :



Moonraker réalisé par Lewis Gilbert est une onzième mission qui met l'accent sur la comédie burlesque en sacrifiant les aspects sérieux de la licence pour toujours plus d'absurdités. Une proposition détestable qui n'a pas peur du ridicule avec sa proposition littéralement cartoonesque. On profite de quelques actions ainsi que de quelques décors appréciables mais insuffisants pour compenser toute l'imbécilité que compose cette œuvre. Je ne comprends pas ce qui c'est passé avec ce film. Comment peut-on passer de L'espion qui m'aimait à Moonraker. Un peu de respect pour la franchise, s'il vous plaît. Ian Fleming ne s'en serait pas remis. Peut-on tout justifier au nom du divertissement ?


Adaptation parodique et décérébrée de L'espion qui m'aimait. À oublier, au suivant !



Même devant la mort ma munificence est princière. Quand cette fusée décollera, je vous laisserai à votre crématoire privé. M.Bond, Dr Goodhead, je vous fais tous mes adieux.


B_Jérémy
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le 18 sept. 2022

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