Quand Ron Perlman imite Gérard Depardieu...

Vora, qu'est-ce que tu penses de la nouvelle version de l'homme invisible ? Vora, tu ne trouves pas qu'il y a des qualités formelles dans Antebellum ? Vora, pourquoi tu n'aimes pas 2001 ? Trop de sujets clivants, trop de films inégaux, et les arguments qui se perdent dans une cacophonie d'avis plus ou moins objectifs... Le troupeau est dispersé, tout le monde va à droite à gauche et plus rien ne tourne rond. Qu'est-ce qui pourrait remettre tout le monde d'accord ? Quel film pourrait enfin réunir tous les avis sous une même bannière ? Victoire, le nouveau Paul W. S. Anderson réussit le challenge. Mais à l'envers, comme d'hab.


Tout indiquait une catastrophe nucléaire en perspective. Milla Jovovich (pas vue dans un seul bon film depuis qu'elle a épousé Anderson, ça ne s'invente pas), Paul W. S. Anderson (pas réalisé un seul bon film depuis son premier), Ron Perlman avec la pire perruque de sa carrière (un croisement contre nature de Goku et Elvis Presley), des copies de Mad Max Fury Road (la tempête, le désert...)... C'est donc en toute confiance que j'ai attaqué le film avec un fût de 5 litres de ma bière préférée. Je n'ai pas eu le temps de respirer, la tempête de mad max arrive dans les 8 premières minutes. Un montage incompréhensible des scènes de cascades pour faire "sensoriel", et voilà que des Kaïjus improbables commencent à tout défoncer. A défaut d'être bon, on ne va pas s'endormir.


Pendant que le naufrage continue avec des scènes d'action paresseuses et beaucoup d'effets spéciaux (mieux filmés que ce à quoi Paul nous avait habitué), on se demande un peu quels arguments pourraient avoir les défenseurs du film. Oui, c'est un monde fantastique, du coup, c'est normal que ça ne soit pas "réaliste". Pas réaliste oui, mais pas cohérent, non. Le film passe son temps à nous montrer que les explosions ne marchent pas sur les monstres, mais finalement, c'était parce qu'il n'y avait jamais assez d'explosions. Et quand on voit qu'on peut tuer à mains nues un bestiau de 20 étages qui encaissait les projectiles de bazookas... Mais la cerise sur le gâteau fût pour moi Ron Perlman. Bedonnant, pataud, maquillé à la truelle avec ce qu'il convient d'appeler une hérésie capillaire, on croirait voir notre Gérard Depardieu débarquer à l'improviste sur le tournage. Il sirote sa bière, il aligne sans sourciller un tissu d’inepties parachutées par un scénariste capricieux qui n'a pas le temps de développer son univers, puis se retrouve à agiter une hache en mousse qui fait deux fois sa taille en cherchant désespérément la porte du cellier de la Tour démoniaque, grand final de ce donjons & dragons ressuscité où le dragon apparait toujours accompagné d'une bande sonore tonitruante encore plus effrayante que lui (sérieusement, qui a composé ce machin ? Paul Haslinger sous crack ? Ah, oui, c'est bien Paul Haslinger... Je ne sais pas pour le crack, mais on reconnaît bien la patte de l'artiste, allant des sonorités évoquant parfois le souvenir récurrent de Fury Road, mélangé à de la synthwave et du dubsteb expérimental). Mais c'est bien la dégaine de Perlman qui emporte tout dans ce final, nous imitant un gégé complètement bourré au vin rouge qui tente d'occire le dragon à grands coups de planche à pizza.


Bon, ne nous formalisons pas, c'est qualitativement navrant, et nous savons qu'il s'agit là d'un business plan, Paul W. S. Anderson étant le Uwe Boll du gros budget, assez regardé pour justifier les réguliers viols en bande organisée des oeuvres qu'il adapte (Resident Evil ne s'en est toujours pas remis malgré les tentatives de Capcom) et les pillages sans complexes des scènes d'action (qui restent quand même mieux chez les autres). Et non Paul, ce n'est pas parce que tu mets un bateau qui navigue sur le sable du désert sans aucune technologie précise (et des effets spéciaux cheapos) qu'on va l'accepter, car tu n'as même pas pris le temps de faire le pacte cinématographique en expliquant les règles de ton propre univers. Je ne sais pas si le jeu y a recours, mais à ce stade, ça ne donne pas un bon film, loin de là. On notera tout de même une amélioration, Paul a abandonné le montage ultra serré avec 5 plans à la seconde de Resident Evil 6. Merci, nos yeux vont un peu mieux. Et plus aucun mal de tête. Allez-y, vous serez déçus, mais on peut aussi aimer ça. Car il est toujours bon de constater que certaines valeurs continuent sur leur lancée, même dans les égouts.

Voracinéphile
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le 23 févr. 2021

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