Inventer des problèmes pour effacer ceux qui existent

En préambule, je souhaite dire que ma critique sera peu subjective, car étant natif de la vallée ou se passe l'intrigue, je connais et j'ai subis les nombreux problèmes qui existent là-bas. Je suis donc assez agacé de les voir complètement détournés pour faire un film qui au final n'apporte aucune solution.

Pour commencer, il faut un peu de contexte. La vallée où se passe le film est la Vallée de l'Arve, tristement connue pour être la "vallée la plus polluée de France". Les problèmes sociaux et environnementaux y sont nombreux : Coût de la vie et de l'immobilier délirants, économie centrée sur le tourisme hivernal, pollution de l'air, de l'eau et des sols à cause du tourisme mais aussi de l'industrie, villages qui deviennent juste des dortoirs pour touriste. Cela entraine donc notamment le départ de la jeunesse qui ne trouve ni logement ni emploi, l'impossibilité pour la classe populaire de venir s'y installer ou d'y rester, et pour les gens qui arrivent à y vivre, une exposition à la pollution et au tourisme massif.

Avec tout ça, on peut donc imaginer qu'un film qui choisi de se poser dans cet vallée en prenant un contexte réel, avec le village de Cordon (63% de résidences secondaires en 2020 selon l'INSEE), va donc attaquer tout ces problèmes, remettre en question l'économie du tout ski, proposer une critique et des pistes contre le marché de l'immobilier.

On a même beaucoup d'espoir quand on entend Clovis Cornillac, le maire, dire "Ce qu'il nous faut, c'est des vrais gens, qui vivent ici, qui font des enfants, qui meurent ici, il nous faut pas des touristes". Oui, c'est exactement ça, et c'est ce que souhaite la plupart des natifs de la vallée qui ne peuvent y vivre (dont je fais parti).

Mais après ça, terminé. On ne parlera pas de toutes les causes qui font que les gens ne vivent pas ici, on va juste mettre en avant que quand quelqu'un veut venir (comme si les locaux eux ne souhaitaient pas rester), on va pas vouloir de lui parce qu'il est noir. Mais bon, tout au long d'un scénario très prévisible, ils se rendent compte qu'ils sont un peu bête et au final, ils changent d'avis.

L'immobilier est toujours hors de prix, l'économie est toujours basée sur l'hiver, la vallée est toujours polluée, il n'y a aucune solution, aucune piste évoquée pour changer tout ça, mais au moins, ils ont été tolérants et ouverts d'esprits.

C'est pour moi un véritable crachat au visage des natifs, de ceux qui y vivent encore difficilement et ceux qui ont été contraints de partir. Les gens veulent vivre là bas, ils n'en n'ont simplement pas la possibilité économique. Mais plutôt que de mettre ça en avant, on vient faire passer les locaux pour des racistes qui se créent leur problème.