Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? par Eric31

Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? (« Mio Dio, come sono caduta in basso ! ») est une jolie petite comédie de mœurs italienne réalisé par Luigi Comencini, coécrite par Ivo Perilli (Riz amer (Riso amaro) de Giuseppe De Santis et Europe 51 de Roberto Rossellini) qui met en scéne la belle et troublante Laura Antonelli qui joue Eugenia Di Maqueda une jeune femme mariée (qui découvre le jour de ses noces que son mari est en fait son frère et qui a pour rêve d'avoir un enfant de l’écrivain célèbre Gabriele D'Annunzio)... qui va devenir une courtisane qui aura des relations avec un jeune et beau chauffeur Silvano (joué par Michele Placido) à plusieurs reprises dans une cabane de la campagne sicilienne ensoleillée... et avec une amie étrangère, Evelyn (joué par Karin Schubert).... Le film de Luigi Comencini s’inscrit dans le filon ô combien fertile et emprunté par beaucoup de réalisateurs de la comédie italienne « légère ». Cette mode du film sexy, plus ou moins vulgaire et amusant, fut sans doute lancée au début des années 70 par Ma femme est un violon (Pasquale Festa Campanile), Malicia (Salvatore Samperi) et Sexe fou (Dino Risi) tous trois déjà interprétés par la belle Laura Antonelli, l’un des égéries incontestables de ce sous-genre transalpin... Mais ce film malgré son titre, constitue le haut du panier d’une production racoleuse et opportuniste, mais dont les éléments satiriques sonnent souvent juste, sans parler des réjouissants numéros d’acteurs qu’elles occasionnent. La particularité du film de Comencini est d’être une comédie à costumes, située à la veille de la Première Guerre mondiale, et qui se moque du “dannunzianisme” (d’après le célèbre écrivain D’Annunzio), courant littéraire très à la mode à l’époque en Italie et qui exaltait l’amour sensuel sous ses formes les plus sophistiquées et décadentes, avec une exagération assez ridicule. Le film de Comencini peut d’ailleurs se voir comme le pendant humoristique du drame L’Innocent de Visconti, dernier chef-d’œuvre du cinéaste réalisé un an plus tard et adaptation d’un roman de D’Annunzio (les films partagent la même actrice, Laura Antonelli : ce sont ses deux meilleurs rôles.).... Surtout que la direction artistique est particulièrement soignée et Comencini s’amuse à reproduire les photographies du début du XXème siècle ou le cinéma muet dans certaines séquences. Le cinéaste opte pour une caractérisation très stylisée des personnages, unidimensionnels et volontairement sans profondeur, refusant la psychologie et invitant les acteurs à jouer comme des pantins ou des marionnettes. Le personnage du mari qui aura un rapport incestueux avec sa soeur, patriote fanfaron, aristocrate prétentieux et ridicule, annonce l’arrivée du fascisme. Un film à redécouvrir dans la riche carrière de Luigi Comencini... et surtout celle de la belle Laura Antonelli dont les bons films se compte sur les doigts d'une main (Sans mobile apparent de Philippe Labro, Les Mariés de l'an II de Jean-Paul Rappeneau ou elle joue Pauline de Guérande, L'Innocent (L'innocente) de Luchino Visconti et Passion d'amour (Passione d'amore) d'Ettore Scola).