"Allez curé, montre nous tes fe-sses, allez curé, montre nous ton-cul"

C'est par hasard que je suis tombé en deuxième partie de soirée sur "Mon curé chez les nudistes", et j'ai décidé de tenter le coup. C'était navrant... Les gags tombent systématiquement à plat, à un tel point que ça en est fascinant... Pourtant je ne regrette absolument pas mon visionnage, et je suis même prêt à le recommander...


La France a une vraie culture de la comédie beauf, ou comédie "pouet-pouet" si on se fie à la classification de Nanarland, qui perdure encore aujourd'hui (Onteniente en force). Des comédies qui ne font globalement de mal à personne au final, et qui retranscrivent en quelque sorte l'époque où elles ont été tournées. Ainsi, au risque de me faire insulter, le style présent dans "Mon curé..." m'a beaucoup fait penser à l'univers des Bronzés par exemple... En terme de retranscription des mœurs et des habitudes de l'époque, enfin je sais pas ça m'a sauté aux yeux perso...


Les hommes sont globalement moches (ou en tous cas leur physique n'a aucune incidence sur leur rapport avec les autres personnages, notamment si ils sont féminins), blagueurs, et ne pensent qu'à boire, se battre et tâter du boobs à foison (des bons gaulois quoi). Quant aux femmes, elles sont globalement soit belles et connes, soit moches et chiantes. Les premières se foutront à poil à la moindre occasion et voudront coucher avec à peu près tout le monde, les secondes seront ridiculisées en mode "bah allez Simone, ça va fais pas la gueule on rigole, c'est que du sperme, ça part au lavage, hein! Bahahahaha! La bite! Bahahaha!" (je schématise)


Dans le cas de "mon curé chez les nudistes", ça donne Paul Préboist entouré de belles femmes plutôt jeunes et nues, voire même assez jolies parfois, et qui n'ont qu'une envie, coucher avec lui (mais pourquoi au fait? Ah oui, parce qu'elles sont connes! ). Puis Paul Préboist déguisé en femme, (sans aucune raison), Paul Préboist qui imite des animaux (étrangement mal d'ailleurs), Paul Préboist qui parle à voix haute à Jésus (ben oui, vu qu'il est curé), et qui fait comme si la conversation avait été coupée (à de très nombreuses reprises d'ailleurs, ce gag a dû énormément les faire rire au moment du scénario).


Et je ne peux résister à l'envie de décrire une scène qui a provoqué en moi un fou rire assez étrange, empli de nervosité, le genre de rire qui n'arrive pas tout de suite après la scène, mais bien 2 ou 3 minutes plus tard, lorsque la digestion de celle-ci s'avère impossible au final, et qu'on a pas d'autre choix que de contempler les débris de notre cerveau, littéralement désintégré par la déflagration dont il vient d'être victime, laissant la place aux limbes et à la désolation...


Il y a un personnage noir dans le film (ben quoi, pas mal pour l'époque), qui s'appelle Banania (oui, bon...). Un soir les nudistes organisent une soirée costumée, et donc tout le monde est déguisé (rassurez vous les meufs tomberont bien vite le costume de manière totalement gratuite et non justifiée). Tout le monde sauf Banania, qui est à poil. Le chef du camp lui tint donc à peu près ce langage:
"- Ben... Banania, t'es pas déguisé!
- Mais oui je suis déguisé!
- Ah bon? En quoi?
- Ben... En nègre! "
et ils rient tous de bon cœur...


L'impression laissée par ce film est plus complexe qu'elle n'y parait. Enfin dans le fond je parle, parce que dans la forme, si on est amateur de jeux de mot, de quiproquos, de femmes nues, et si on est pas trop tatillon au niveau des performances d'acteurs, alors c'est Byzance...


Mais dans le fond, la première impression qui caractérise le film est qu'il est raciste, misogyne, homophobe (oui j'ai oublié de préciser que le coiffeur du camp était gay, et l'acteur qui l'incarne fait preuve d'une subtilité dans son jeu qu'on peut raisonnablement qualifier de plutôt relative). Bref dans le fond il pue le renfermé, la France de Pompidou (il date de 1982, mais j'aurais juré qu'il en avait 10 de plus), l'odeur de vieux fromage qu'on aurait oublié et laissé moisir dans le coffre de la 2 chevaux lors du dernier pique nique, l'odeur des pets que le tonton lâche bruyamment et dans un grand éclat de rire à table lors du repas de famille dominical, une fois qu'il a bien bouffé et picolé, tout en se faisant engueuler par la tata rouge de honte ("Bah quoi ça va Simone! On rigole!")


Mais quelque part, j'ai ressenti une certaine forme de bienveillance pendant le visionnage... Sans vouloir être condescendant, je dirais que ce film s'adresse aux hommes qui avaient entre 35 et 60 ans à l'époque, des provinciaux voire campagnards et donc avec quelques dispositions pour certaines tendances racistes, misogynes, homophobes ... Pas forcément violentes ou radicales, mais quand même bien ancrées (je généralise puissance 1000, mais j'essaye de faire court). Bref, nos tontons quoi!...Et ce film leur donne ce qu'ils ont envie de voir, des beaux seins, des blagues pas drôles, et surtout pas de bites (ben oui on veut voir du nichon nous, pas de la bite, on n'est pas pédé non plus! Bahahaha! ).


Alors certes, mon tonton, le bon français des années 1970, c'est un gros beauf... Il a un humour de merde, il est con comme un balai, il fait des blagues de cul, il parle fort, il dit que de toute façon c'est tous des pourris... Mon tonton il fait chier...


Mais moi quelque part ben... Je l'aime bien quand même ce con... Il est bourré de défauts, on est d'accord sur rien... Mais je sais pas c'est la famille... Et je peux pas m'empêcher de ressentir cette bienveillance envers lui, de secouer désespéramment la tête à chacune de ses conneries, mais toujours avec un petit sourire au coin des lèvres...


Bon allez ça va... Je t'aime bien bordel... Gros con va...

VinnieJones
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le 3 juil. 2015

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