> Accroche ta ceinture, on va décoller.
Et c’est ainsi que j’ai décollé et suis restée perchée au sommet émotionnel.
Ainsi, je vais simplement expliquer pourquoi j’ai capoté et suis tombée en amour de Mommy
Tout d’abord (point sur lequel je vais me faire des ennemis), Dolan ne figure pas en tant que protagoniste. Autant j’admire le cinéaste, autant l’acteur m’insupporte de par son égocentrisme et narcissisme exacerbé - hélas si present aux communs des acteurs (pas forcément les meilleurs bien évidemment)- négligeant ainsi la puissance et l’essence même du personnage. Être BEAU ne rend pas forcément “BON”, mais être “BON” rend souvent “BEAU” (ex: Vincent Cassel)…dommage qu’il n’ait rien compris (selon moi) au jeu d’acteur pourtant SI BIEN maitrisé par ceux du film.
Car oui, comme vous l’aurez compris, le second point fort de ce film reside dans le CHOIX des acteurs; voici un casting tout bonnement PRODIGIEUX. Bien sûr, en tant que fan du ‘Coeur a ses raisons’ vous imaginez bien ma joie, mais aussi mon appréhension à l’idée de voir Anne Dorval dans un rôle aux antipodes (et pourtant qui lui colle également à la peau). Qu'il s'agisse d'Anne Dorval, de Suzanne Clement ou encore du jeune Antoine-Olivier Pilon, aucune fausse note n'est à déplorer malgré la difficulté évidente d'interpréter des rôles aussi complexes.
En outre, afin de valoriser le travail (excellent) du trio d’acteurs, Dolan joue avec le ratio de l’image encadrant à la perfection l’ESSENTIEL et représentant ainsi l’idéal en terme de portrait (aucune distraction possible) : le sujet est indéniablement le personnage, au centre de l’image toujours, car il est l’essence du film. Mais ce choix laisse aussi penser à un obstacle que devra affronter continuellement ce trio : être bloqué dans ce cadre trop étroit dont le contour représente les conventions sociales qui séjourneront hors de leur champs de vision et par conséquent leurs limites.
Ensuite, ce que personne ne semble soulever, mais qui pour moi est primordial quant à l’excellence de ce film, c’est LE RAPPORT aux acteurs. Anne est une veuve mono-parentale excessive entretenant une relation trop fusionnelle voire toxique avec son fils Steve, ado TDAH impulsif et violent. Puis vient se greffer au duo Kyla, la voisine mutique puis bègue qui s’épanouira au contact de ces frappadingues pour former un sublime trio de marginaux qu’on ne souhaiterait surtout pas rencontrer au quotidien (si il faut le dire) MAIS qui ici, ensemble, nous semblent NORMAUX et PARFAITS dans leurs imperfections. Le plus dingue au final - et nous conquis- réside dans cette fuckin’ CONTRADICTION avec le fait qu’on ne souhaite surtout pas les changer (ce qui pourtant les sauverait), on finit même par vouloir une ‘place’ privilégiée au sein de cette micro famille plus qu’attachante mais bancale (à tout point de vue) dont la sortie est sans issue.
C’est d’ailleurs ce moment MAGIQUE du film où Steve danse sur la musique de Céline Dion ‘on ne change pas’ qui nous fait prendre conscience qu'effectivement on ne change pas, ce qui est rude finalement, car la solution pour cette famille demeure dans l’espérance continue du ‘changement’ (avec un Steve ‘guéri’) ce qui est utopique.
Malgré cette utopie - avec par conséquent un fond dramatique- , on reste optimiste avec Diane tout au long du film et Dolan réussit le dosage PARFAIT des vagues d’émotions en évitant le pathos. On passe dans ce film du rire aux larmes grâce à cette continuité de moments forts alliant tension et légèreté prouvant qu’il n’y a pas de bien sans mal ni de joie sans peine…
Pour finir, Mommy est pour moi un tsunami émotionnel à l’image du protagoniste Steve: excessif, violent, entier, fougueux, marginal, beau qui nous laisse démuni, bouleversé, mais émerveillé face à tant de génie.