Xavier Dolan récidive encore une fois avec un film à la mise en scène particulière; particulière de par son format, changeant au gré des sentiments des trois personnages principaux du film, la fameuse "Mommy", personnage ô combien Dolanien avec son extravagance et son franc parler, le fils Steve, jeune homme perturbé ayant du mal à faire le deuil de son père et enfin Kyla, la voisine d'en face, bègue et mystérieuse.
Tout ce petit monde cohabite dans une banlieue paumée du Canada, et le film s'ouvre ( sur un caleçon tout d'abord, certes ) mais surtout sur un accident, un choc qui nous fait entrer directement dans le quotidien de la mère qui va à partir de ce moment là enchaîner les malheurs : l'accident donc, la perte de son job et la récupération de son fils qui était "placé" mais qui ne peut plu l'être car il a brûlé la cafétéria de l'établissement et accessoirement, un autre pensionnaire, événement qui va évidemment, faire sombrer tout espoir pour cette petite famille, mais bien plus tard dans le film, car le cruel Dolan laisse planer de l'espoir dans les cœurs de ses personnages, mais par légères touches uniquement et de manière éphémère, et ces petites touches, écartent les sombres bandes noires verticales qui enferment les personnages, elles disparaissent même l'espace de quelques minutes parfois mais reviennent toujours, inexorablement.
Car le malheur n'est jamais loin, et les espoirs sont minces et parfois trompeur, Kyla va devenir comme nous spectatrice de ce mélodrame car toute l'aide qu'elle peut apporter sera vaine. Elle deviens une sorte de mère subsidiaire par moment, et se libère totalement de son handicap avec cette famille tandis que son quotidien avec sa famille semble la pousser au quasi mutisme.
Ce personnage discret et pourtant celui qui m'a le plus intrigué, déjà parce que l'actrice est excellente, et ensuite parce que contrairement aux autres personnages principaux, elle cache au fond d'elle sa rage de vivre et de liberté qui éclate littéralement à plusieurs moments du film ( éclat de colère, éclat de rire...).
La fin du film s'avérera très pessimiste, car chacun fera le mauvais choix, et que le choix de chacun provoquera le déchirement de l'autre, mais un seul en sortira libéré.
Mais au fond, avaient-ils vraiment le choix ?