Mom and Dad
4.7
Mom and Dad

Film de Brian Taylor (2018)

Hyper décevant ! C'est pas déplaisant à regarder mais il manque clairement la folie attendue. Surtout que c'est quand même réalisé par un des types qui a fait "Crank", alors bon, je m'attendais à un truc survolté.


L'intrigue est assez mollassonne : l'auteur exploite pauvrement son idée, tourne vite en rond et manque d'inspiration dans cette destructuration familiale. Il reste de bonnes bases, comme l'idée de sauvagerie qui va atteindre les parents de tout âge. Mais l'orchestration manque d'un grain de folie, manque aussi de jusqu'au-boutisme ; certes, on ouvre le film avec une maman qui tue son enfant, mais au final, les mises à mort tant attendues sont très rares et le massacre n'a pas l'air d'en être un. La résolution est très décevante aussi, car c'est le genre de récit où l'on s'attend à quelque chose de très obscur et ce qui arrive un peu plat, comme si l'auteur ne savait lui-même pas trop comment en finir.


Le scénario est mal structuré : la présence de flashbacks nuit gravement au rythme. D'un côté, c'est intéressant, car l'auteur joue avec le contraste entre famille parfaite et le massacre voulu, sauf qu'il ne va pas assez loin dans l'opposition. En même temps, on dirait qu'il essaie de préparer la venue de cette épidémie par le point de vue des parents principaux. Mais cela déforce un peu le sujet. Disons qu'il aurait fallu choisir : soit c'est de la haine accumulée et tous les parents en ont marre en même temps soit c'est une épidémie inexpliquée ; en jouant sur les deux tableaux, forcément, on ne sait plus trop quel est l'enjeu. Pour en revenir aux flashbacks, on dirait que les auteurs veulent jouer avec ce qui y est dit, comme par exemple celui concernant la voiture ; cette technique dite du fusil de tchekov est absolument mal exploitée ici ; en effet, cela demandait du temps dans la construction : ce n'est pas juste avant ou juste après une scène où on utilise une hache qu'il faut présenter la hache, c'est plutôt au début du film afin de générer des attentes, afin que le spectateur ait le temps de se demander dans quelles circonstances est-ce que cet élément va servir ?


Les personnages ne sont pas mauvais en soi ; j'aime ce regard sur cette jeunesse, j'aime aussi celui des parents. L'auteur exorcise quelque chose d'un peu tabou. Le discours est pertinent mais parfois trop envahissant. Ce film est trop bavard en fait, là où l'auteur aurait dû se concentre sur les émotions fortes, le spectateur aurait de toute façon compris l'origine de la frustration.


La mise en scène manquent également de folie. On remarque l'une ou l'autre tentative mais ces effets sont si peu nombreux que l'exécution en devient un peu pathétique. Les scènes de foule sont également assez mal filmées : quelques plans un peu 'shaky' par-ci, des gros plans par-là... ce sera tout, le découpage étant assez aléatoire. Sans parler de certaines idées visuelles sympas mais ne menant à rien (comme lorsque le p'tit copain quitte l'examen et que la foule disparaît le temps qu'il décadenasse son vélo).


Les acteurs sont bons mais comme l'auteur ne parvient pas à se décider sur le point de vue à adopter et qu'il multiplie les pistes, les flashbacks etc., cela laisse peu de place aux acteurs pour vraiment briller. Et lorsque c'est le cas, la mise en scène est si pataude qu'on ne ressent pas la haine ni l'énergie souhaitée (comme lorsque Cage défonce sa table de billard). La musique est aussi un peu aléatoire : un côté punk par moment, un côté électro à d'autres... le réalisateur serait-il schizo ? Tous les problèmes du film, à tous les niveaux se résument à ceci : le cul entre deux chaises.


Bref, c'est un beau gâchis. Cela reste amusant, on trouve de bonnes idées, mais c'est tellement sage qu'on se demande ce qui a bien pu se passer lors de la production du film ; des plans jugés trop brutaux ont-ils été coupé du montage ? La prod aurait-elle eu peur de perdre son public en offrant quelque chose de plus couillu ? C'est bien triste en tous cas. Mais bon ça se regarde. Et puis y a toujours Nic Cage qui est marrant même si la caméra ne suit pas.


PS : au final, quand j'y repense, je trouve que c'est vraiment un gros échec. Mettre sur pied un film qui parle de parents qui massacrent leurs gosses et avoir au final un bodycount aussi léger... peut-être aurait-il fallu envisager la structure inverse : démarrer sur un huis-clos et terminer sur la foule sanguinaire, plutôt que l'inverse, c'est-à-dire commencer par une foule qui commence à se réveiller et passer au huis clos juste quand le massacre généralisé allait commencer...

Fatpooper
5
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le 20 févr. 2018

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13 j'aime

Fatpooper

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