Prendre Mister Majestyk pour autre chose que ce qu’il est est forcément une erreur. Et pourtant avec Richard Fleischer derrière la caméra et Elmore Leonard au script, il est certain que la tentation est grande. Si Fleischer n’est pas à pointer du doigt (si sa fin de carrière est quand même très discutable avec de vrais navets, il est ici encore bien maître son art), on peut considérer que le scénario imaginé par Elmore Leonard est parfois bien mal fagoté. Car la véritable faiblesse de ce film est l’invraisemblance de son intrigue et son manque de rebondissements. Du coup, le film suit un drôle de chemin. Pour combler son pitch improbable, le film aurait dû miser sur ses personnages et sur l’action, mais l’ensemble manque, de temps à autres, de rythme et ses personnages valent plus pour leur interprétation (le toujours remarquable Al Lettieri) que pour leur caractère.


Ses réserves étant émises sur un film clairement bancal, on peut trouver de nombreuses raisons de prendre plaisir devant ce pur divertissement. Fleischer tire ainsi un profit maximum des superbes décors naturels du Colorado pour décrire à la fois un contexte social tendu et mettre en avant de belles scènes de course-poursuite très typées années 70. Sorte de western avec des pick-up pour chevaux, une production de pastèques pour de l’élevage, une histoire traditionnelle de vengeance, le retour aux armes pour celui qui avait juré de ne plus toucher à ses colts, Mister Majestyk est une synthèse modernisée des thèmes traditionnels des films d’action américains.


Bronson, en redresseur de torts plus malin qu’une police totalement dépassée, n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour impressionner son monde et ses punchlines demeurent aussi improbables que drôles. Le film est enfin traversé de séquences fulgurantes particulièrement marquantes et réussies (le mitraillage des pastèques et l'évasion depuis le bus) et la dernière partie du film avec son règlement de compte attendu est rondement bien mené et rythmé. En bref, on passe un très agréable moment devant ce film très sympathique qui n’a pas grand chose à raconter mais qui est fait avec suffisamment de métier pour remplir son cahier des charges.

Play-It-Again-Seb
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le 8 janv. 2021

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