Des enfants si particuliers

Le 5 octobre 2016 sortait dans les salles de cinéma français “ Miss Peregrine et les enfants particuliers“ le dernier long métrage de Tim Burton, réalisateur excentrique qu'il n’est plus nécessaire de présenter. Critique rédigée à la sortie du film

Miss Peregrine et les enfants particuliers. Le film, adapté du livre du même nom, nous conte l’histoire d’un groupe d’enfants possédant des particularités extraordinaires, et de leur havre de paix, dirigé par la très charismatique Miss Peregrine (Eva Green). Après nous avoir présenté ce lieu intemporel, leur “locus amoenus“ se retrouve dérangé par d’horribles monstres, les sépulcreux. Les enfants devront alors s’entraider pour combattre cette menace mortelle. On notera la prestation à la fois drôle et effrayante de Samuel L. Jackson dans le rôle de l’antagoniste principal, M.Barron. Malgré ce casting peu commun pour Tim Burton ­sans les habituels Johnny Depp et Helena Bonham Carter­, on retrouve l’univers si “particulier” que les fans assidus du réalisateur aiment tant. L’humour de ce film apporte une certaine fraicheur à l’univers de Tim Burton qui ne le rend que plus surprenant encore. La bande originale du film est également inattendue : le très talentueux Danny Elfman, qui compose habituellement pour Tim Burton est remplacé par deux néophytes de la musique de cinéma, Mike Higham et Matthew Margeson. Les deux compositeurs s’en sortent avec brio et nous offrent plusieurs morceaux dignes de leur prédécesseur. On en profitera également pour dire quelques mots sur le doublage français, et les stars de ce milieu qui prennent part au film, comme Thierry Desroses par exemple. C'est un monde méconnu qui pourtant est capital dans la diffusion d’un film à l’international. Malgré toutes ces qualités, il reste quelques points décevants. Les personnages, qui semblent au premier abord si attachants et pleins d’histoires à raconter, reste pour la plupart non-exploités. En effet nous désirons tous en savoir plus : au-delà d’être "particuliers", ils sont intrigants. Certains passages, tout comme les personnages paraissent comme “éludés”. La dernière scène d’action du film par exemple est trop brève et le sens en paye le prix. Peut-être qu’une dizaine, voir une quinzaine de minutes de plus (que nous retrouverons sans aucun doute dans les scènes coupées), auraient permis au film de conserver une trame plus cohérente et de fait, plus appréciable encore. Le sens profond, désiré par l’auteur dans un premier temps et par le réalisateur par la suite, permet à l'œuvre plusieurs lectures possibles. En s’adressant aux enfants et aux adultes, on nous conseille de ne pas perdre cette “particularité” qui nous est propre et que la plupart laissent de côté une fois dans la vie active. En dépeignant les enfants de la sorte, Tim Burton ne nous présente pas des supers héros, comme nous en avons l’habitude. Il nous “conte” l’histoire de simples enfants aux aspirations semblable aux nôtres malgré leurs particularités. Ce côté enfantin se retrouve également dans la conception du film : tout le scénario est imaginé à travers des yeux d’enfants, avec une vision de l’humour, de la peur, ou même de l’amour qui leur correspond. Tim Burton fait de ces particularités des outils de création, et il guide et protège les enfants jusqu’au choix fatidique auquel ils devront faire face, laisser ou non, ce qui fait leur singularité derrières eux. Suite au véritable engouement que le film a connu, un “Hashtag” a émergé sur Twitter le #JeSuisParticulier : le film a atteint son but. Un film à voir, de toute évidence.