Alors que Baltimore célèbre la Saint-Sylvestre, un tueur caché assassine 29 personnes. Appelée sur les lieux des crimes, la policière Eleanor va vite être remarquée par Geoffrey Lammark, l’agent du FBI chargé de l’enquête.
La caméra avance à l’envers comme pour signifier que ce monde marche sur la tête. On boit et danse sur les toits qui grattent le ciel en attendant avec excitation l’année nouvelle, quand la foudre s’abat sur la nuque ou dans le cœur de quidams punis par le sort. Le sang qui coule remplace le champagne. Une première séquence maîtrisée qui marque la brutalité du geste. Elle sera suivie d’autres scènes tout aussi sèches avec pour décor un hypermarché ou l’épicerie de quartier. On ne saura d’ailleurs jamais rien du passé de l’héroïne silencieuse. Plus louve qu’agnelle, cette Clarice Starling asociale a son mal-être gravé dans la peau. Son flair lui permet de se rapprocher au plus près du tueur qui préfère les vaches aux humains. Plus expressif, son mentor dévoile une intimité inattendue ajoutant une facette moins stéréotypée à son personnage rigoureux. Lui aussi est en proie à un ennemi qui le ronge de l’intérieur, soit l’incompétence de ses supérieurs, plus disposés à se protéger eux-mêmes que leurs concitoyens.
L’Argentin Damián Szifron nous offre un thriller sombre et de grande qualité. Malgré un portrait-robot crayonné à l’ancienne, il parvient à l’ancrer dans son époque, évoquant par-ci, par-là, la surconsommation, l’effet de masse, la solitude urbaine, le végétarisme, la télé poubelle, les réseaux sociaux, le complotisme, les névroses individuelles… Lourdes sont les références immédiates que sont Jonathan Demme et David Fincher. Autant l’apparenter au Prisoners de Denis Villeneuve par la noirceur réaliste qu’il dégage et son final très proche.
(7.5/10)
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