Millions
5.7
Millions

Film de Danny Boyle (2005)

Je savais que ce film n'était pas le plus apprécié de la filmo de Boyle, je m'attendais donc à ne pas être enthousiaste, surtout que je ne suis pas un fan du bonhomme, mais là c'est pire que tout ce que je pensais à priori...


Je trouve en effet que Boyle en fait un peu trop avec sa mise en scène, qu'il veut trop en foutre plein la vue là où un peu de retenue rendrait ses films plus décents, mais là, pour ce film-ci, il va vraiment loin, très loin. C'est comme s'il s'ne fichait complètement de l'histoire, il surdécoupe des scènes anodines, part dans des tripes visuels qui n'apportent rien à l'histoire, voire pire, ça parasite le récit parce qu'on ne fait plus attention à ce que ça raconte on se contente juste de voir les mille et un effets de style de l'auteur, tous plus gratuits les uns que les autres. Certes, le petit bigleux est un virtuose, il a de belles idées, mais il balance tout n'importe comment sans avoir l'air de comprendre l'importance du rythme et du rapport au texte. Les acteurs ne sont pas très bons. Je suppose que c'est le ton (un conte) qui veut ça, n'empêche que les gamins ne sont pas très bons et les adultes sont trop en retrait, sans doute à cause de personnages assez rachitiques, mais aussi de prises de vue si particulières qu'elles ne laissent pas beaucoup de place au talent des acteurs.


Le scénario est incroyablement anecdotique. Des gosses qui trouvent du blé, ça aurait pu partir dans plein de bonnes directions, mais le scénariste ne raconte rien. Ça sent déjà le sapin quand on se rend compte à quel point la mise en place est lente pour pas grand chose ! Je suppose qu'il y avait des tas d'idées intéressantes dans le bouquin parce qu'elles étaient approfondies, ici ça paraît gratuit, comme par exemple le fait que le héros est impopulaire à l'école a du mal à s'intégrer, cela n'aura aucune incidence sur la suite, même lorsqu'il devient une sorte de gourou grâce à l'argent, on ne fait jamais écho à l'état initial des choses... et c'est ainsi pour plein de choses.


D'un point de vue plus technique, on peut dire que le scénario manque de conflits : même le voleur (qui, déjà, intervient très tardivement) n'apparaît jamais comme une réelle menace. Il y a cette histoire de deuil aussi qui flingue la tentative d'instaurer des enjeux et de la tension ; déjà c'est traité superficiellement, ensuite, c'est du deuil dont on parle, pas d'une quête avec opposants et adjuvants ! Parler du deuil au cinéma, c'est très difficile, car souvent c'est un combat que le héros doit mener seul, il n'y a pas d'obstacles externes pour aider le spectateur à s'identifier. Et puis c'est lourd... très lourd ! Il y a des petites idées assez sympas pour évoquer la mort de la mère sans en faire des caisses, le problème, c'est qu'en accumulant toutes ces idées, finalement, c'est comme si l'auteur nous expliquait sans cesse ce qu'on avait déjà compris par nous-même.


Les personnages sont très faiblement construits. Les gamins ça passe encore, mais ils sont assez mal exploités. Les adultes sont très peu intéressants, pourtant vu qu'ils sont fort présents dans la dernière demi-heure du film, ça aurait été logique de mieux les construire et de les utiliser davantage dès le début de l'intrigue.


J'aime beaucoup l'idée des hallucinations, c'est un thème que j'aime en général et que j'exploite même dans mes propres petites BD. J'étais donc content de voir ça dans ce film-ci. C'est juste dommage que le tout soit si peu intéressant. En plus il y a de bonnes idées tant narratives que visuelles pour amener ces saints. La dernière hallu est un peu lourde à suivre, l'ultime idée pour faire pleurer les chochottes.


Bref, "Millions" souffre de son scénario mal foutu et de sa mise en scène réalisée sous LSD qui ne rend absolument jamais service à la narration. On trouve quelques petits moments sympathiques et autres idées bien trouvées ici et là mais ça ne suffit malheureusement pas à délivrer un bon divertissement.


PS : la séquence de fin avec les africains pauvres et heureux de se balancer de la flotte à la gueule m'a choqué comme pas possible... c'est vraiment comme ça que t'avais envie de finir ton film, Boyle ? Certes les images sont jolies, y a de belles couleurs, on se croirait presque dans une pub Benetton sauf que c'est trop maladroit et ça donne une image assez bizarre des africains je trouve... mais bon, qui suis-je pour juger ?

Fatpooper
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le 14 août 2016

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