noir féministe

J'ai récemment regardé un film suédois, adapté d'un auteur anonyme, qui accréditait la thèse du complot dans le meurtre du premier ministre de gauche Olof Palme en 1986. Or j'apprends que l'auteur des Millenium a enquêté pendant des années sans réussir à établir que le meurtre était commandité.

Stieg Larsson était un journaliste de gauche, engagé dans la lutte contre l'extrême-droite, ce qui transparaît, ainsi que ses préoccupations féministes, dans ses romans.

Il avait paraît-il l'intention d'en écrire dix, et cette seconde histoire rend visible la méthode qu'il avait adoptée à cette fin. Il ne choisit pas des flics pour enquêteurs, mais un journaliste et une hackeuse, cependant le modèle reste celui du buddy movie. Et la présence du journaliste ne se justifie que comme alter ego, non seulement de l'auteur, mais du lecteur, et moyen de s'attacher au personnage de la hackeuse. Car comme enquêteur, il ne sert à rien.

Ce qui nous amène à cette suite abracadabrante.

Le film, comme le précédent, n'est pas mauvais. Les deux scènes d'action créent une tension, elles sont simples et efficaces. Les acteurs sont bons, Noomi Rapace est bien sûr excellente. Mais c'est trop long pour ce que ça raconte, soit, une histoire qui ne tient pas debout. Pour ceux qui voudraient garder la surprise, sachez que les coincidences constituent l'essentiel de la trame.

La Suède est un petit pays.

Je me souviens des critiques formulées par un ami sur le scénario de Spiderman 2. Il n'appréciait pas que, comme par hasard, les ennemis de l'araignée soient tous des connaissances de son alter ego Peter Parker. Mais, en cela, le film était fidèle au CANON du COMIC. La vraisemblance n'était pas le souci ultime de ce monde parallèle superhéroique : il s'agissait avant tout de créer des conflits émotionnellement signifiants.

Il eût été plus intéressant de chercher la cohérence thématique, que l'on pourrait certes attribuer à un manque d'imagination des auteurs Lee & Ditko, derrière ces bagarres entre monstres : le lézard (vert) et le Goblin (vert) étaient des Hyde victimes de leur Jekyll, alors que Spiderman n'était pas son propre cobaye, il n'était pas le résultat d'une expérience volontaire, mais d'un accident. Peter Parker n'est pas un apprenti sorcier, contrairement aux savants fous auxquels se confronte.

Je regarderai peut-être le troisième Millenium - pas particulièrement porté sur les polars glauques. Même en accéléré, c'est long. Je pourrais plutôt regarder l'Araignée humaine, ennemie des mouches et autres lézards.