Milla
6.8
Milla

Film de Shannon Murphy (2020)

Un sujet grave traité de façon légère et originale qui pâtit de digressions inutiles et de sa longue

C’est un sujet un peu à la mode que de suivre les histoires d’amour d’adolescents qui viennent à être contrariées par la maladie de l’un d’eux (voire des deux). Une mode un tantinet malsaine – voyeuriste et doloriste presque - et propice à tous les excès de pathos mais qui a pourtant accouché de bons films si l’on est client (on pense bien sûr au très beau « Nos étoiles contraires »). Mais il y a eu aussi beaucoup de purges adolescentes indignes, larmoyantes et mièvres comme le passable « Life in a year » ou le carrément gênant « Après toi ». Mais même avant cette avalanche de bluettes faisant se concilier romance et maladie (et donc mort) pou faire pleurer dans les chaumières, le filon existait déjà pour les adultes On se souvient du très beau film à mouchoirs « Sweet November » ou encore tout simplement de « Amour » de Michael Haneke pour du cinéma plus exigeant. Et « Milla » de convoquer aussi bien ces productions adolescentes que le cinéma indépendant (donc moins aseptisé) en prenant le contre-pied total de tous ces films pour surfer sur une tonalité plus légère et lumineuse. Pas que cela n’ait jamais été fait à plus ou moins forte dose mais c’est ce qui permet à ce premier long-métrage sympathique de s’éloigner du tout-venant de ce genre de sucreries filmées. Hormis la toute fin forcément un peu émouvante (de ne pas montrer la mort aurait été encore plus pertinent et logique mais on fera avec), cette œuvre remarquée dans les festivals évite avec brio et maestria tout excès de pathos et de sanglots où le spectateur est pris en otage. Pas de musique à faire pleurer dans les chaumières ou de longues scènes ou le personnage malade s’effondre dans les bras de l’être aimé donc... En cela, « Milla » est original et ce traitement singulier et assez rare est assumé presque du début à la fin. Bon point donc!


Malheureusement, le film aurait pu être une petite pépite s’il n’avait pas chopé au passage quelques défauts inhérents aux premières œuvres. Clairement, le film de Shannon Murphy est beaucoup trop long. Deux heures pour une histoire comme celle-là c’est beaucoup trop même si paradoxalement on ne peut pas dire que l’on trouve le temps long. En revanche, sur ces deux heures il y a des digressions tout à fait inutiles au récit et à sa progression, qui ne servent strictement à rien. On pense aux scènes avec la voisine enceinte ou celles avec le professeur de musique qui ne peuvent même pas se positionner comme des sous-intrigues viables. On pourra également rechigner sur le fait que certaines thématiques abordées n’aient pas vraiment de rapport avec le sujet central mais qu’elles ne soient pas non plus développées outre mesure (la dépendance des parents aux opioïdes par exemple). Hormis ces errements narratifs, on est sous le charme du duo principal (lui a été récompensé au Festival de Venise) constituant un binôme amoureux mal assorti de prime abord mais au final mignon comme tout. Et le couple de parents est tout aussi juste formant un quatuor d’acteurs irréprochables. On suit donc cette romance contrariée avec plaisir, loin des clichés habituels, et porté par une atmosphère colorée et lumineuse qui fait du bien. Le chapitrage très girly est un petit plus amusant qui font de cette « Milla » non pas le film de l’année mais une charmante petite œuvre australienne réussie, agréable et sans prétention.


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 9 mars 2022

Critique lue 27 fois

1 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

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