Milla
6.8
Milla

Film de Shannon Murphy (2020)

Nos étoiles (presque) contraires

En ce mercredi 28 juillet 2021, parmi toutes les sorties intéressantes : La loi de Téhéran, The Suicide Squad ou True Mothers, il y a Milla. C’est typiquement le genre de film qui a tout pour me séduire, avec son héroïne à la chevelure arc en ciel, une romance, la présence de Ben Mendelsohn et des couleurs qui défilent dans sa bande annonce illuminant mes yeux pour me permettre de ressentir une foule d’émotions.


Quand Milla rencontre Moses


Le film se compose de plusieurs chapitres. C’est comme un livre qui se dévore sur grand écran. On découvre les personnages au fil du récit. Cela débute par la rencontre entre Milla (Eliza Scanlen) et Moses (Toby Wallace) sur le quai d’une gare. C’est une adolescente, issue d’un milieu bourgeois. C’est un jeune homme, vivant dans la rue. Les opposés s’attirent.


Milla fait-elle sa crise d'adolescence, en ramenant ce jeune homme sans abri, toxico et dealer? Son côté rebelle, sa fureur de (sur)vivre et ses tatouages la séduisent. Il est plein de vie. Elle l’envie. Elle est en train de se battre pour la sienne. Milla a un cancer.


Milla étouffe au sein de son confortable foyer. Entre ses parents, avec sa mère (Essie Davis) qui tente de combler son ennui en se réfugiant dans les paradis artificiels et son père psychiatre (Ben Mendelsohn), soucieux d’elle, avec la peur de la perdre profondément ancré en lui, cherchant un exutoire pour oublier sa souffrance. Son école pour jeunes filles privée et ses cours de violons. Elle aspire à un vent de liberté que Moses semble pouvoir lui apporter.


Nos étoiles (presque) contraires


Nos étoiles contraires, pardon Milla, donne le sentiment de vouloir se détacher des rouages habituels de ce type de films de par son côté décalé, parfois absurde, avec ses personnages à part, avant de se révéler trop "gentil", tout en restant appréciable.


En dehors de Milla et Moses, ainsi que de ses parents, on a une galerie de personnages attachants, même s’ils manquent de profondeur. La voisine enceinte (Emily Barclay) qui se prénomme Toby, appelle son chien Henry, estime que c’est un prénom de chien et se moque gentiment du père de Milla, en apprenant qu’il s’appelle aussi Henry. Ce sont ces petits trucs, qui donnent au film son ton particulier, comme le prof de musique, dont on suppose qu’il a eu une liaison avec la mère de Milla, ainsi que l’enfant qui assiste par “accident” à ses leçons de piano. Ils apportent un peu de légèreté, une touche de folie douce avant que le ton ne devienne plus dramatique.


On se questionne sur chacun. Comment les parents de Milla en sont venus à se fixer le rendez-vous du mardi après-midi. Pourquoi la mère se perd dans les médicaments? Où se situe la cabinet du père? Qui a mis enceinte la voisine? Où sont les parents de l’enfant? Pourquoi la mère de Moses réagit-elle de cette manière quand elle le voit? Comment en sont-ils arrivés à se retrouver tous au repas d'anniversaire de Milla, plus particulièrement le petit frère de Moses.


Un goût d’inachevé


Le cancer n’est pas un sujet facile, encore moins quand cela touche une adolescente à l’aube de la découverte d’un monde qui s’ouvre à elle. On prend rapidement connaissance de son cancer puis on l’oublie aussitôt. Le film nous épargne les écueils du genre. On oscille entre le sourire et de magnifiques moments oniriques. Pourtant, je reste sur ma faim avec un goût d’inachevé aux coins des yeux.


La première partie était pleine de promesses. La seconde partie ne va pas toutes les satisfaire. Elle donne l’impression de ronronner, de ne pas savoir comment faire le lien entre chacun, comme si le scénario était un gruyère, impossible à combler. Le film cède un peu à la facilité. Les minutes défilent doucement comme la vie de Milla qui s’en échappe.


Babyteeth


Son titre original est moins vendeur que Milla, mais il aurait permis de ne pas avoir la reine des navets Milla Jojovich où la jeune femme en détresse psychique qui se répand sur les réseaux sociaux en tête. Ceci étant, une traduction littérale “Dent de lait”, cela rebute le spectateur français, déjà qu’un film auteuriste sans stars (Ben Mendelsohn quand même!), ne l’aurait pas aidé dans sa tentative d’exister au milieu des blockbusters, du covid-19 et le pass sanitaire.


A suivre...


Shannon Murphy signe une première œuvre touchante aux séduisantes imperfections avec sa lumineuse héroïne Eliza Scanlen, déjà remarquable dans Sharp Objects, et son brillant père Ben Mendelsohn. C’est une réalisatrice à suivre, qui donne envie de découvrir ses courts métrages, en attendant son prochain film.

easy2fly
7
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Créée

le 2 août 2021

Critique lue 885 fois

3 j'aime

Laurent Doe

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