Mickey, lycéenne du Montana, a été propulsée en véritable cheffe de famille après la maladie physique de sa mère et la maladie mentale de son père, vétéran de la guerre d'Irak, ayant sombré dans l'alcoolisme.


Ce film montre la complexité destructrice de la relation entre cette jeune femme et son père, Hank. Une relation rongée par la dépendance à l'alcool, qui peut se manifester à n'importe quel moment. Elle fait s'enchaîner élans de sincérité et de lucidité avec accès de violences gratuits. Cette ambivalence est mise en notes de musique avec la chanson "If loving you is a crime (I'll always be guilty)" de Lee Moses, significative.


Les rôles sont inversés entre Mickey et son père: c'est elle qui le borde, qui fait à manger, qui le raisonne ; c'est lui qui joue, aux jeux vidéos ou au concours du plus rapide mangeur de tartes -, qui dépense sans compter. Le duo des acteurs est à ce titre percutant.


Mais quand la confusion des rôles se fait entre Mickey et sa mère décédée, c'est trop. Comme l'a exprimé Claude Levi-Strauss, la prohibition de l'inceste est constituante de la condition humaine. Or, avec ce geste impardonnable Hank s'exclut de l'ordre familial et social.


C'en est fini de l'ours, il ne peut être apprivoiser.


Mickey quitte une maison que la maladie et la guerre ont laissé en travaux. Elle prend la route, sans argent, sans toit, sans famille, avec un ticket d'avion en poche et des promesses d'avenir.

Nuwanda_dps
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le 11 mai 2020

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Emilie Rosier

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