Mexique, le sang des frontières par Christine Deschamps

Quand on s'angoisse abusivement pour le délai de paiement d'une facture ou des fins de mois difficiles, on devrait se revoir une petite partie d'un documentaire comme celui-ci... juste une petite séquence, à dose homéopathique, parce que la quantité de stress que les gens d'Amérique Centrale s'avalent chaque jour pourrait tuer un âne en quelques secondes. Comment Diable avons-nous réussi à rendre certaines parties de notre monde aussi inhabitables ? Ça dépasse l'entendement, et ce documentaire cherche à l'expliquer de manière pédagogique, par l'illustration, en suivant deux groupes de la fameuse Caravana de Migrantes qui est partie du Honduras et du Salvador pour rallier les États-Unis par le Mexique; une jeune fille et son groupe de copains de son âge, et une famille nombreuse, qui tentent l'aventure, pas tant hypnotisés par le mirage d'une vie meilleure chez Trump que boutés hors de chez eux par la violence omniprésente qui gangrène leur quotidien. Et quand on dit violence, on ne parle pas de racket dans les cours de récré. C'est déjà assez insupportable en soi, mais l'abjection atteinte par les cartels, les forces de police corrompues ou les simples délinquants en Amérique Centrale dépasse et de loin toutes les échelles envisagées en Europe. Il faudrait un Richter de la violence pour commencer à entrevoir la monstruosité des faits divers qui constellent le quotidien de n'importe quelle famille là-bas. Des papys finissent tranquillement leur repas en terrasse à deux pas de jeunes gens assassinés en pleine rue... pourquoi troubleraient-ils leur breuvage pour si peu ? Ça arrive tous les jours, les gens tombent comme des mouches. Et ça n'est pas la peine de compter sur la police. Ou d'essayer d'organiser des milices d'autodéfense : elles se feront désarmer par les institutions, jalouses du monopole du crime. C'est sans issue, tout le monde trempe dans cet immonde trafic d'influence et se taille la part du lion. Le citoyen lambda n'a strictement personne vers qui se tourner, le naufrage est collectif. Pour que les États-Unis soient un recours envisageable, avec leur taux de pauvreté abyssal et leurs injustices patentes, il faut vraiment que la vie ailleurs soit devenue intolérable. Autant dire qu'on sort de là passablement déprimé. Et prêt à batailler avec les tenants d'une politique sécuritaire isolationniste...

Créée

le 22 oct. 2020

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