Incontestablement un drôle de film. La scène d’introduction est remarquable et a été partiellement reprise dans Jack Reacher. Un homme juché sur le toit d’un building joue les snipers dans les rues de New-York. Caméra à l’épaule, comme il le fera souvent tout au long de son film, Larry Cohen filme au plus près de l’action cette scène de panique jusqu’à l’arrivée de notre personnage principal qui va grimper sur l’échelle du toit pour discuter avec le tireur. Cette formidable entrée en matière est suivie d’une enquête qui ancre parfaitement le film dans son époque. Vu dans French Connection et dans Police Puissance 7, notamment, Tony Lo Bianco évoque parfaitement le polar urbain américain avec ses nombreuses scènes dans les rues new-yorkaises crasseuses de l’époque.
Puis le film bascule progressivement vers le fantastique, le mysticisme et la science-fiction. L’intention est louable et rejoint d’autres préoccupations cinématographiques de l’époque. L’atmosphère mystérieuse de l’ensemble est, en outre, un autre bon point. Mais passé un moment, à force de révélations nébuleuses, j’ai fini par décrocher. En dépit des belles envolées visuelles, même si elles pourront, pour certains, sembler trop kitsch, et en dépit de péripéties multiples, il est difficile de ne pas avoir le sentiment que tout cela sombre dans le n’importe quoi.
Si les questions mystiques voire philosophiques et sociétales qui sont soulevées sont évidemment intéressantes, leur traitement peine à convaincre. Heureusement, les acteurs donnent le change pour assurer la crédibilité de l’ensemble. Larry Cohen manque de signer un film original et marquant, et reste cantonné aux petites séries B qu’il a souvent réalisées. Il y a de l’idée, mais tout cela manque cruellement de maîtrise. Dommage.