Soulager la peine en échange de la douleur...

Plutôt que de jouer à cache-cache ou à d'autres loisirs des fillettes de leur âge, la petite Marina et sa meilleure amie ont préféré procéder au sacrifice d'une de leurs copines au cours d'un étrange rituel. Étant donné que ce genre d'occupation n'est pas très bien vue en général pour une enfant, Marina fût illico internée par les autorités de l'époque. Après quinze ans d'un fabuleux traitement consistant à compter jusqu'à cinq pour ensuite proclamer que "tout ça n'est pas réel", Marina est désormais apte à recouvrer sa liberté et déménage chez sa soeur et son p'tit bout de chou de neveu. Problème, peu après son installation dans la maison, d'étranges phénomènes commencent à se produire...


Inspiré à la fois d'un fait divers de 2014 où deux jeunes filles de 12 ans ont poignardé un ami afin de prouver l'existence du fameux Slender Man (ça n'a apparemment pas fonctionné, on vous rassure) et du cas Mary Bell, une autre petite tête blonde ayant un goût prononcé pour les infanticides en 1968, "Mercy Black" fait assez vite frissonner non pas par la peur qu'il véhicule mais plutôt par la tournure d'énième produit d'épouvante lambda que va prendre forcément toute cette affaire à un moment ou à un autre (dans ce cas précis, la marque Blumhouse croasse en plus comme un oiseau de mauvais augure). Et c'est hélas le chemin que ce long-métrage écrit et réalisé par Owen Egerton semble dangereusement privilégiér en commençant par accumuler un nombre exponentiel de portes s'entrouvrant toutes seules et de manifestations étranges se concluant inévitablement par le réveil d'un protagoniste en sueur dans son lit...


Cependant, derrière cette apparence de thriller paranormal épousant la cardiométrie d'une parlourde en pleine sieste, Owen Egerton s'évertue à tisser toute une nébuleuse de données qui ont pour but de renforcer sa principale thématique : la tendance de l'être humain à s'échapper dans des illusions plutôt que d'affronter la gravité de la réalité.
Au centre de tout ça, il y a bien entendu Mercy Black, cette entité pouvant prétendument soulager la peine des enfants en échange d'un terrible sacrifice qui lui donnerait vie, celle-ci représentait ainsi à l'époque un parfait échappatoire pour une petite Marina désemparée face à la maladie d'un proche. Une propension à fuir le réel qui va évidemment être amenée à déteindre sur son neveu, lui-même de plus en plus obsédé par Mercy Black afin de s'évader de la douleur d'un père absent. Mais ce mal ne touche pas que les enfants, les adultes du film choisissent eux aussi de se rassurer dans l'aveuglement de leurs mensonges comme cette sœur préférant arranger la vérité sur l'internement de Marina ou ce petit ami se rêvant déjà sous le feu des projecteurs pour échapper à sa situation précaire...
Bref, même s'il ne peut se vanter d'être le premier à mêler ce type de propos à une intrigue fantastique, il faut reconnaître qu'Owen Egerton le dissémine plutôt astucieusement autour des personnages de son long-métrage et cherche en toute logique à faire perdurer le plus longtemps possible le doute sur la nature psychologique ou fantastique de cette histoire...


Il est donc dommage qu'à force de vouloir jouer à tout prix sur ces deux tableaux, "Mercy Black" va en rester au stade des belles intentions. Boostée par la volonté de son héroïne d'enquêter enfin sur la possible existence de Mercy Black, la deuxième partie va de fait se montrer plus généreuse au niveau de ses péripéties mais elle va se révéler également plus maladroite pour nous amener vers un dénouement pourtant -et c'est le plus dommage- loin d'être bête sur le papier.
Se perdant constamment dans son obligation de cocher toutes les cases de frissons faciles (gamin louche, jumpscares grossiers, entité de plus en plus visible, etc), une redondance de son discours allant même jusqu'à s'incarner physiquement dans une confrontation finale un brin gênante ou encore quelques situations particulièrement absurdes (la psychologue s'intéressant aux suites de l'affaire de sa patiente après avoir libéré cette dernière dans la nature, quelle professionnelle !), "Mercy Black" ne pourra qu'en bout de course laisser l'impression d'un spectacle construit sur des faux-semblants bien trop prévisibles malgré les ambitions intéressantes que l'on avait pu y déceler.
Comme les protagonistes du film, on aura eu tendance à trop s'y raccrocher pour masquer la réalité d'un ensemble -une fois de plus- très mineur...

RedArrow
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le 25 juin 2020

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