Si certains se plaisaient volontiers à preter ce role aux productions de Michael Bay, Zack Snyder et consorts, ne cherchez plus: c'est MIB 3 qui est le film symptomatique de tous les problèmes actuels d'Hollywood, absolument tous. En voici la liste non exhaustive:

1) Ne pas laisser reposer en paix leurs franchises:
Le dada du Cinéma US depuis toujours, c'est les Franchises. Les films dont on est sur qu'ils accoucheront de suites, spin offs, préquelles, produits dérivés, etc...
Les franchises les plus connues sont généralement des franchises ou la violence est quasi absente, l'humour à portée de tous, le surnaturel bien accueilli, avec l'élément le plus important: un concept de ouf.
Si à l'époque du premier Men in Black (1997), Columbia Pictures et Spielberg pouvaient être assez fou pour lancer 90 millions de dollars, en adaptant une BD totalement inconnue et tout sauf "family friendly", aujourd'hui ce n'est plus la même limonade.
Pour avoir de l'argent, il faut adapter quelque chose qui a plu au plus grand nombre. Que ca soit un livre, un Comics, une Série ou même des putains de jouets, si vous ne rentrez pas dans ces critères vous faites du cinéma indépendant ou de la comédie.
Point.
La raison est que les Studios comme toutes entreprise actuelle en temps de crise, ne peuvent se permettre de risques.
Ils font uniquement dans les "valeurs sures".
Et quand Sony, n'a pas de livre type "Hunger Games" sous la main, alors ils continuent des Franchises, pourtant bien éteintes.
Donc Men in Black.
Soyons francs, dire que le premier Men in Black n'invitait pas à une suite serait pur mensonge.
La ou ca devient génant, voir morbide, est que dans le principe de la franchise "valeur sure": on ne doit rien changer.
Si une recette a bien marché auparavant, on se doit de la copier à l'exactitude près.
Ce qui fait que dans Men in Black 3, on a encore droit à une enquête parsemée de gags ou à la fin on en saura plus sur le passé de K.
Ca fait 10 ans qu'il n'y avait plus de Men in Black, alors si la franchise est incapable d'évoluer, elle est morte.
J'ose à peine imaginer ce que ca donnera quand Ghostbusters 3 sortira en salles.

2) Prendre les mêmes, toujours que les mêmes, et que les mêmes:

J'en faisais mention dans le point précédent, dans la conception hollywoodienne d'une franchise, on ne peut se séparer des éléments qui ont fait le succès du précédent. Et dans le cadre d'une suite, cela veut dire aussi du réalisateur et des acteurs.
Sincèrement, je n'ai rien contre Barry Sonnenfeld. Mais le ramener sur un terrain ou il a déjà donner absolument toute son inventivité et ne fait désormais que du "tout venant", c'est sinistre.
Il fait les mêmes plans, les gags visuels sont tous les mêmes.
Son travail, il l'exécute péniblement.
Tout autant que Tommy Lee Jones qui semble au bord de la dépression, n'attendant que son chèque pour lui remonter le moral.
Will Smith n'arrive plus à faire rire. Il est devenu une parodie de lui même enchainant les blagues Carambar (dans la scène avec Andy Warhol, il est le véritable effet 3D du film: le Facepalm collectif).
Vous imaginez si James Bond avait continué avec Roger Moore après Dangereusement Votre ?
Je ne dis pas qu'il est nécessaire de changer d'acteur perpétuellement quand on fait une suite.
Mais après un certain temps, le choix devient plutôt simple: soit vous donnez à l'acteur quelque chose de frais et original. Soit vous prenez un nouvel acteur.

3) Mépriser le scénario et les scénaristes:

Peu de gens sont au courant, mais Men in Black 3 aura eu une belle interruption sur son tournage pour cause de "réécriture de scénario".
Réécrire un scénario sur le tournage est monnaie courante.
Le scénario d'Iron Man par exemple s'est fini à la fin du tournage.
Mais revoir les 2/3 du film est beaucoup plus rare.
Columbia a donc fait défilé les scénaristes sur le tournage. Steven Zaillan, David Koepp, Jeff Nathanson, et beaucoup d'autres sont venus faire du script doctoring, chacun à leur tour.
Et bien sur, Sony ne leur a jamais laissé le temps de finir leurs réécritures pour repartir en tournage le plus vite possible.
On se retrouve donc, malgré l'intervention des screenwriters à usage unique, avec une somme incroyable d'éléments illogiques.
Comme le Neuralyser géant qu'est obligé d'utiliser K pour effacer la mémoire de J, alors que plus tard, il en aura un de poche, parce que sinon l'histoire n'aurait pas pu se conclure.
Ou la prison sur la lune construite pour un détenu (et qui en abrite beaucoup d'autres finalement, et même des terriens, dont la seule erreur aura été d'inventer le voyage dans le temps) qui accepte des visiteurs (????!!!).
Ou Griffin le personnage qui permet au script tout les raccourcis les plus faciles.
Ce n'est pas volontaire de leur part de laisser autant d'éléments aller contre le bon sens.
C'est juste que les studios comme aux jeux, misent.
Sur MIB3, ils misent que les spectateurs ne retiendront que les parallèles à l'histoire (Apollo 11, The Factory) et les véhicules futuristes.
Les gadgets quoi.


4) Les gros chèques:

Ce n'est plus un secret pour tout le monde, faire des films aujourd'hui coute plus cher qu'auparavant.
Cependant, cela n'empêche pas que l'on doit utiliser son argent intelligemment.
Men in Black 3 a couté 215 millions de dollars. C'est pas loin du budget d'Avatar qui n'avait que 12 millions de plus.
Et pourtant Men in Black 3 ne donne jamais l'impression d'avoir couté son prix.
Hellboy 2 par exemple a couté 3 fois moins, mais en donne 100 fois plus à l'écran.
Ou est passé l'argent ?
Dans les poches de Will Smith et Tommy Lee Jones ?
Dans la mairie de New York ou ils ont tourné, alors que même Avengers a le bon sens de délocaliser à Cleveland ?
Je ne parle même pas de la promotion quasi inexistante. Personne n'est au courant de l'existence même de Men in Black 3 alors que tous ont déjà vu au moins une fois la bande annonce de Prometheus.
En fin de compte, MIB3 est déjà un échec commercial.
Lever autant de fonds de façon aussi irresponsable est suicidaire, même lorsqu'on a un nom connu partout dans le monde.
Pour devenir rentable MIB3 devra dépasser les 500 millions de dollars.
Je lui souhaite bonne chance.






Sinon pour en revenir a Men in Black 3, il n'est pas désagréable. Il est correctement filmé, dès qu'il y'a du sang neuf, comme Emma Thompson (qui tient le meilleur gag du film) ou Josh Brolin, le film existe.
Mais pour le reste, il ne demeure qu'un espèce d'étrange zombie.
Un zombie qui porte en lui toutes les infections des grosses productions américaines, ramené à la vie par des scientifiques irresponsables.
Et il n'est même pas doué pour s'accaparer notre cerveau.
HugoShapiro
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le 26 mai 2012

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HugoShapiro

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