[contient des spoils génétiquement modifiés]Texte en italique


Je m‘appelle Park Doo-Man. Je suis maintenant commissaire à la retraite à Hwaseong . Je viens relater ici ce qui s’est réellement passé dans l’affaire non élucidée des viols et des meurtres de femmes survenue il y a 30 ans. J’écris cette lettre dans l’espoir de transmettre aux jeunes flics débutants quelques tuyaux sur ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire lors d’une enquête.


J’ai toujours été un bon flic. Mon taux de résolution des affaires était de plus de 95 %, le meilleur taux de la région. J’étais par ailleurs apprécié de tout le monde pour ma convivialité. Je payais régulièrement des repas à tous mes collègues et tout le monde adorait mes blagues. Contrairement à ce qui est suggéré par Bong Joon-Ho qui me décrit comme un lourdaud j’avais de solides bases de psychologie et un bon niveau en sports de combat. J’avais à l’époque un pote totalement dévoué nommé Cho Yong-Koo . C’était un ancien homme de main de la pègre qui aurait dû faire des années de taule mais que j’avais fait rentrer dans la police quand j’avais détecté tout son potentiel.


Je suis absolument certain qu’avec du temps et de la patience le meurtrier aurait fini par craquer comme tous les autres grâce à mes méthodes personnelles plutôt incitatives. Personne ne pouvait résister à ma persuasion faite de psychologie savamment appliquée et surtout personne ne pouvait résister à la persuasion de mon ami Cho. Quand il se déchaînait sur un suspect, il aurait fait avouer n’importe qui, même le pape François dans une affaire d’agression sexuelle. Comme le commissaire m’avait à la bonne, je me voyais donc bientôt le remplacer, quand est arrivé l’autre Parasite, Seo Tae-yoon, l'inspecteur venu de Séoul.


Fraîchement sorti de l’école, toujours à ruminer seul dans son coin comme un faux-jeton, j’ai vu de suite que j’étais tombé sur un connard. Avec ses méthodes soi-disant scientifiques, sa connaissance du droit et son acharnement de pucelle à rechercher la vérité, ce fils de pute allait me piquer ma place de commissaire, que j’allais enfin obtenir après plus de 20 années d’effort.


Ce Seo était un vrai taré. Il avait le chic pour remarquer des trucs de fiotte, comme les mains douces de l’assassin ou le fait qu’il ne tuait que pendant les nuits d’orage. Comme il était fan de cinéma il avait découvert que le meurtrier faisait passer régulièrement « Lettre Triste » à la radio comme dans Play Misty For Me. Cet enfoiré allait même finir par découvrir le coupable grâce aux empreintes génétiques qu’il avait réussi à prélever.


C’est là que je me suis souvenu fort à propos du fantôme d’Heilbronn. Un vieux flic allemand qui m’avait enseigné certaines de ses méthodes m’avait parlé d’une enquête sur une tueuse en série responsable de très nombreux meurtres que personne n’avait jamais réussi à coffrer, malgré 30 enquêteurs et 200 policiers à ses trousses. Elle était surnommée à cause de ça le fantôme d’Heilbronn. On finit par découvrir par hasard que tout le monde s’était complètement planté. La « tueuse » n’était en fait qu’une simple employée de l’usine fabriquant les bâtonnets qui servaient aux prélèvements d’ADN !


J’avais enfin l’idée. Je fonçais alors voir Kim à l’hôpital psychiatrique. Kim était le suspect qui avait avoué dans une enquête précédente que j’avais remarquablement menée. Pour le faire avouer Cho n’y était pas allé de main morte et Kim en était resté débile à vie. Il fut complètement terrifié en me reconnaissant. Il ne me fut pas difficile de le faire déshabiller et de prélever sur lui quelques échantillons avec son code génétique. Je savais qu’il n’était pas fiché et je substituais ses empreintes génétiques à celles du vrai assassin afin de les envoyer pour analyse.


La suite se déroula mieux que prévu. Ce minable de Seo Tae-yoon fit une dépression et fut renvoyé à ses chères études à Séoul. Quant à Park Hyun-Kyu, le présumé tueur en série, il s’est tenu peinard pendant des années avant de suivre par une nuit d’orage un petit chaperon rouge dans la forêt. Je l’ai fait venir au poste en tant que témoin. Mais Park Hyun-Kyu avait tendance à déprimer à force d’écouter sans cesse « Lettre triste ». Le malheureux s’est suicidé de deux balles dans la tête au cours d’une audition. Après ça on n’a plus jamais entendu parler de tueur en série à Hwaseong.


Quant à moi j’ai pu continuer tranquillement ma carrière, participer activement à la modernisation de la police coréenne et récolter enfin tous les honneurs dus à mon professionnalisme.Les jeunes qui débutez, ne vous découragez jamais, soyez heureux comme je l’ai été. Le métier de flic est difficile mais il réserve aussi parfois de bien belles satisfactions.

Zolo31
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le 8 sept. 2019

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