Une claque cinématographique rare ! Un classique instantané ! Après le trop scandaleux Antichrist qui tombait quelque peu dans le ridicule, Lars Von Trier signe son film le plus classique et le plus propre. Mais quel talent, que certains verront comme insolent comme peut l'être un Terrence Malick avec son The Tree of Life. On pourra les accuser d'être pompeux, faussement élitistes mais qu'ils sont géniaux. Je rapproche volontairement Von Trier de Malick car leurs dernières œuvres (leur chef d'œuvre, leur épopée cosmique comme l'avait pu être 2001 pour Kubrick) sont antagonistes et peut-être finalement à voir ensemble. L'un représente la naissance du monde tandis que l'autre s'attarde sur la fin du monde.
Porté par un casting 4 étoiles, Melancholia est une grande œuvre de par sa mise en scène, son atmosphère, son montage et sa musique. Tout démarre par un prologue sublime enchaînant des tableaux au ralenti sur une musique de Wagner. On ne cessera de retrouver ces différents plans au fur et à mesure du film. Virtuose, Von Trier déploie ses pires cauchemars et livre une définition détaillée de deux heures de la mélancolie. Bien qu'assez concret dans sa narration, le film se double d'une analyse presque onirique de la mélancolie et le dualisme entre les deux sœurs est impressionnant : l'une revivant quand elle apprend qu'une planète va venir détruire la Terre et ainsi la tuer, l'autre, pourtant heureuse de vivre jusqu'à présent, plongeant dans un désespoir communicatif quand elle apprend cette même catastrophique nouvelle. On assiste ébahi à une forme d'excellence, de grâce, de maîtrise, d'ingéniosité qu'on n'avait sans doute pas vue depuis des lustres.
Je finirai en citant le magazine Excessif qui résume parfaitement la sensation provoquée par la vision du dernier plan : « le plan final déchirant promet de marquer votre parcours de cinéphile ». S'en suit le début du générique où les noms des acteurs défilent dans un long silence. L'effet est saisissant, nous voilà choqués comme le cinéma devrait le faire plus souvent !