Dans ce film, il y avait tout. De l'émotion , de la réflexion, de l'angoisse, de la tristesse, de l'empathie et des parallèles constants (entre les deux soeurs, les deux parties du film, Melancholia et Justine, etc.) Mais ce qui lie véritablement le film est ce thème récurrent: le monde des apparences. Pour moi, tout concordait à dénoncer cette société du mensonge, de l'hypocrisie dans laquelle nous évoluons. La première partie était tout entière dévolue à cette idée par le biais de Justine (Kirsten Dunst) qui tente de jouer le rôle qu'on lui a imposé (belle mise en abîme d'ailleurs); celui de jeune mariée naïve, heureuse et souriante -> le conformisme en un mot. Mais le masque se fissure, s'effrite jusqu'à nous révéler son identité profonde: une jeune femme perdue, dépressive et presque psychotique qui détruit tout ce qui l'entoure, et en premier lieu elle-même.
Bravo à Kirsten Dunst qui a su, avec beaucoup de talent et de sublitilité, me faire voyager dans les gouffres de la personnalité de Justine.
Dans la seconde moitié du film, le contexte se transforme et le spectateur est désormais plongé dans un univers aux limites de la science-fiction où Melancholia, énorme planète, est censé "frôler" la terre sans la toucher. Ici, ce n'est plus Justine qui cache, qui masque mais bien sa soeur (sorte de mère poule pour Justine) qui semble perdue, angoissée par la situation et qui pourtant n'en montre rien (comme les autres membres de la famille d'ailleurs). Tout est dès lors inversé.
Le plus beau, pour moi, dans cette partie, est le détachement total dont fait preuve Justine face à l'univers, à ce qui l'entoure. Elle ne fait plus partie de rien, elle n'a plus sa place nulle part, elle accepte tout simplement. C'est comme si elle était déjà morte et le choc entre Melancholia et la terre n'est que l'aboutissement de ce qu'elle ressent, la concrétisation de son rapport au choses, c'est à dire: le néant.
Ce faisant, elle atteint une sorte de sérénité profonde et malsaine. Elle organisera même une mort magnifique pour sa soeur et son neveu, elle soutiendra sa soeur et non l'inverse comme lors de la première partie. Mais je ne vais pas m'attarder sur la fin car je risque de virer dans un style pompeux de mauvais goût tellement ça m'a bluffée ! :D
Jamais un film ne m'avait autant retournée les tripes ! Je suis sortie de la salle bouleversée et les yeux humides. J'ai ensuite observé les gens dans la rue, autour de moi et je me suis sentie tellement distante d'eux, tellement déphasée de tout, comme si je revenais d'un tremblement de terre. Il m'a bien fallu deux bonnes heures pour me réadapter au flot, au tourbillon d'êtres humains qui me semblaient tellement effacés, troubles après ce que j'avais vu.
Maintenant, je pense aussi que je me suis peut-être trop identifiée aux personnages, au contexte de l'histoire, à l'angoisse de cette fin du monde. Mais il reste que ce film est, selon moi, un véritable chef-d'oeuvre !